«Dans les débats sur la Déclaration des Droits, j’insistai pour qu’on y joignît celle des Devoirs qui leur sont corrélatifs», écrivait l’Abbé Grégoire dans ses Mémoires. Mais la question des devoirs a été et est encore le plus souvent éludée dans notre culture, et «le sens de devoir comme “obéissance” en est venu à supplanter tous les autres sens possibles du mot, y compris celui de responsabilité éthique individuelle. C’est là un obstacle supplémentaire pour celui qui désire réactiver la question des vertus civiques et, en particulier, celle du principe de devoir». Examinant la question du devoir, à travers une vaste littérature, David Selbourne en vient à considérer le devoir comme «principe souverain de l’ordre civil». Réciprocité des devoirs du citoyen et de l’ordre civil, de l’individu et de la communauté, problème du droit-exempt-de-devoir, des sanctions et des obligations liées aux respect des droits et des devoirs, du devoir de contribution au «bien-être» de l’ordre civil, comme du devoir de révolte, autant de questions abordées dans ce livre et qui ont fait l’objet d’un très large débat en Grande-Bretagne. Pour David Selbourne, le principe de devoir est une réponse à la désagrégation de l’ordre civil ; il est à la base d’une société éthiquement responsable et pourrait enrayer les dérives d’exclusion de toutes sortes auxquelles notre société assiste sans être capable d’en envisager les solutions civiques.
«La valeur d’un tel livre – écrivait l’éditorialiste du Times, lors de sa parution – est de créer un débat plutôt qu’un consensus. Il devrait encourager les hommes politiques, les universitaires et les journalistes à recourir à son langage, à pénétrer le terrain philosophique qu’il explore et qui fut pendant fort longtemps délaissé. C’est un terrain sur lequel une nouvelle et vivifiante manière de "faire de la politique" pourrait désormais se former.»
David Selbourne est né à Londres en 1937. Petit-fils de M. A. Amiel, grand rabbin de Tel-Aviv, il fit des études de droit à Oxford, sans jamais perdre de vue la tradition et la culture juives, qui sont également au cœur du Principe de Devoir. Après avoir enseigné la philosophie politique au Ruskin College d’Oxford, il s’est installé à Urbino en Italie. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels The Spirit of the Age (1993).
« Dans notre culture, le sens de devoir-comme-obéissance en est venu à supplanter tous les autres sens possibles du mot devoir, y compris celui de responsabilité éthique individuelle. C’est là un obstacle supplémentaire pour celui qui désire réactiver la question des vertus civiques et, en particulier, celle du principe de devoir. »