En français, les mots manquent pour raconter, encore moins éclairer. On peut en tout cas mettre sur la voie : tenter de suivre les détails de l'intrigue serait vain et d'ailleurs inutile. Il suffit de se laisser porter par la fougue du spectacle, par l'invraisemblable énergie des personnages. En dehors d'un duc, d'un cardinal et de quelques autres, on y voit une mère puritaine échevelée, son fils plutôt dadais, fou amoureux d'une jeune fille que les scrupules n'étouffent guère. Plus que d'une histoire d'amour pourtant, il s'agit de désirs extrêmes et excentriques, de trahisons, de vengeances abominables,aboutissant dans une cuve en zinc, à un splendide, un poétique bain de sang. Alors on pense à ces histoires de vampires et de châteaux hantés, à ces contes et comptines peuplés d'ogres déguisés en Pères Noël, fournisseurs de cauchemars enfantins, de fantasmes éternels... Et de vérité.
Thomas Middleton naît en 1580 à Londres. Auteur prolifique, il publie en 1605 La Tragédie du vengeur, modèle du théâtre baroque anglais. Sa collaboration avec le comédien William Rowley donnera offira au théâtre élisabéthain l'un de ses chef-d'œuvres, The Changeling, créé en 1622