Theodor Herzl
Altneuland. Nouveau pays ancien
Précédé de«Retour à Altneuland: la traversée des utopies sionistes» par Denis Charbit
Altneuland (Nouveau pays ancien) a toujours été éclipsé par L’État des Juifs. Celui-ci a l’avantage d’être bref, d’aller droit au but et d’avoir fait date. N’a-t-il pas suscité un élan fédérateur d’où a surgi le mouvement sioniste? Altneuland, lui, n’a pas fait consensus. Pire, il a déclenché une polémique interne sans précédent au sein du mouvement sioniste. Il requiert du lecteur le détour par la fiction pour accréditer, en apparence, la même idée. Ce n’est pas un roman ordinaire, mais le récit d’une utopie, à mi chemin entre Thomas More et Jules Verne. Les sionistes s’en méfient, les fervents de l’utopie l’ignorent. Or, Altneuland n’est pas marginal, il a été marginalisé. Par certains côtés, il dérange. Pourtant sont traitées ici dans le détail toutes les questions qui viendront se poser à cet «État des Juifs» une fois constitué: comment partager une terre avec les Arabes, comment concilier le judaïsme et la laïcité, comment inventer une vie nouvelle pour un homme nouveau, comment à la fois hériter et déshériter de la vieille Europe en même temps que de l’Orient millénaire, comment concevoir un foyer national qui ne soit pas puissance étatique.Les solutions de Herzl sont enthousiastes, volontaristes, idéalisables: à l’envers d’une réalité qui chaque jour apporte son lot de conflits et de chagrins, au point qu’on en oublie quelquefois comment et pourquoi cela a commencé... Le retour à Altneuland alors, dans sa pleine et naïve générosité, s’impose en cette année du centenaire de la mort de Theodor Herzl, pour mieux en comprendre les attentes, en rêver les solutions nouvelles, en prévenir les douloureux échecs.
Les Cultures des Juifs Les Intellectuels français et Israël