Ce deuxième volume des Carnets posthumes rassemble différents fragments antérieurs à l’écriture de Philosophie de l’expression et constitue le laboratoire de cette oeuvre importante, dont Colli dira lui-même qu’elle fut sa «plus grande émotion». Le contact grandit à l’ombre du fragment d’Héraclite : «Contacts : les totalités et les non-totalités, le convergent et le divergent, le consonant et le dissonant.» Il est «l’indication d’un rien représentatif, d’un interstice métaphysique, qui est pourtant un certain rien, puisque ce qu’il n’est pas ... lui confère une détermination expressive». La prodigieuse plongée dans ce «rien qui est» laisse apparaître un monde, au seuil duquel Colli s’arrête. La terre promise d’une pensée du contact a encore les contours flous d’une œuvre posthume. Elle attend une nouvelle génération de pionniers du concept. Qui tarde.
Giorgio Colli (1917-1979) a enseigné pendant trente ans l'histoire de la philosophie ancienne à l'université de Pise. Son travail de philologue et d'historien, depuis l'édition et la traduction de l'Organon d'Aristote jusqu'à la grande édition des œuvres complètes de Nietzsche, avec son ami Mazzino Montinari, reste exemplaire, et trouve son accomplissement dans La Sagesse grecque (parue à l'éclat entre 1990 et 1992).
Nietzsche Philosophie de la distance