Dans Nature aime se cacher, publié pour la première fois en 1948, nous voyons se dessiner avec précision les contours du continent philosophique et philologique que Colli arpentera ensuite, avec une constance irréductible, jusqu'à La Sagesse grecque. Pour tout ce qui concerne la pensée des premiers Grecs, il nous faut avant tout — dit Colli — nous débarrasser «de presque toute la critique moderne qui interprète les présocratiques selon ce que croit en avoir compris Aristote». Ainsi la première partie de ce livre est consacrée à un examen minutieux de ce qui, à travers Aristote et Théophraste, nous est transmis sur les premiers sages de la Grèce. Pour Colli, la philosophie et l'histoire ont un seul but commun : «la réduction des données historiques en expressions où l'intériorité primitive transparaît évidemment.» L'étude attentive et précise des textes doit nous permettre de faire résonner «l'affinité intérieure suscitée par une expression lointaine». Le but reste identique : «saisir les présocratiques à travers leurs propres paroles.» Dans la partie centrale de ce livre, consacrée à Parménide, Héraclite et Empédocle, comme dans toute l'œuvre de Colli, cette tentative s'est manifestée de manière décisive. La troisième partie de l'ouvrage, consacrée à Platon, propose une lecture tout à fait inédite de celui avec qui s'achève «l'époque suprême».
Giorgio Colli (1917-1979) a enseigné pendant trente ans l'histoire de la philosophie ancienne à l'université de Pise. Son travail de philologue et d'historien, depuis l'édition et la traduction de l'Organon d'Aristote jusqu'à la grande édition des Œuvres complètes de Nietzsche, avec son élève et ami Mazzino Montinari, reste exemplaire, et trouve son accomplissement dans La Sagesse grecque.
Lire le Nietzsche grec de Giorgio Colli par Sandro Barbera
La naissance de la philosophie La sagesse grecque I-III La découverte de l'esprit Philosophes plus qu’humains