À l’image de la maison en chantier de sa rue qui semble « sans cesse / aller se détruisant », la maison du poète, celle de sa vie, celle de son œuvre, « est toujours ruine ». « À présent je n’ai pas, écrit Avot Yeshurun au seuil du plus grand dépouillement – n’ai que la poésie. » Mais « Pas le vers ni le mètre, ni les choses. / Pas les choses qui sont dans la poésie / ni la poésie qui est dans les choses. » De la poésie elle-même alors, il ne reste plus que l’âme, le son originel de la parole qui, à l’aube de la mort, semble littéralement enfanter à nouveau Yeshurun, qui ose écrire dans le dernier vers de ses deux ultimes poèmes : « je serai né », et « à la mort Yah ne m’a pas livré ».
Avot Yeshurun (1904-1992) est un poète israélien, né en Ukraine et qui a émigré en Palestine en 1925. Presque toute sa famille a été assassinée pendant la Shoah. Son oeuvre poétique, parmi les plus originales de la littérature israélienne, est une perpétuelle recherche de la langue, entre hébreu et yiddish, ou entre hébreu et arabe, considérant que son attachement à cette terre nouvelle se devait d'être aussi attachement à tous ses habitants. Un premier recueil, La faille syro-africaine, a paru aux Editions Actes Sud, traduit et présenté également par Bee Formentelli. Ce volume fait suite à la parution aux Éditions de l'éclat de Trente pages d’Avot Yeshurun (édition bilingue), paru en 2016.
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Edition bilingue
Trente pages d’Avot Yeshurun