Bonjour
Le vendredi 7 avril paraît la correspondance entre Anna Waisman (1928-1995) et André Neher (1914-1988). Certains connaissent André Neher: philosophe, penseur juif, homme de culture et de conviction ; peu savent qui est l’artiste Anna Waisman.
« Cette chose indispensable qui reste invisible et que je sais voir et entendre » écrit Anna Waisman, dans l’une de ses premières lettres à André Neher, donnant son titre au volume. Cette ‘chose’, c’est l’“urgence créatrice” qui la pousse à sculpter dans la pierre des lettres hébraïques dont elle perçoit, au fur et à mesure qu’elle les sculpte, les multiples sens entremêlés. Et le dialogue qui se noue alors dans cette correspondance de 26 années nous ouvre les portes d’un judaïsme d’intuition et de partage, de fidélité dans l’amitié, où l’alliance de l’art et de la pensée dessine des perspectives inédites de connaissance.
Le livre, abondamment illustré de soixante-dix reproductions en couleurs, permet de découvrir une artiste qui a consacré toute sa force et toute son énergie à son art, sans se soucier du manque de reconnaissance de son siècle et de son milieu. Reste une œuvre. Souhaitons qu’avec cet ouvrage son heure soit venue.
Coédité avec la Fondation André et Renée Neher sous l’égide de la Fondation du Judaïsme français, le livre est préfacé tour à tour par Sibylle Blumenfeld, Renée Neher & Carine Brenner et Nelly Hansson.
Il sera présenté en plusieurs occasions, à Strasbourg et à Paris, à commencer par une rencontre-lecture le mercredi 19 avril à 19h30, à La librairie Tropiques, 56 et 63 Rue Raymond Losserand, 75014 Paris, à quelques pas de l’ancien atelier d’Anna Waisman.
Dans son numéro de mars, le magazine L’Arche y a consacré un grand article que l’on peut retrouver ici. Dans cette correspondance, note Samuel Blumenfeld, le fils d’Anna Waisman, « s’écrit … une existence de femme, artiste, épouse, mère, farouchement indépendante, où ces attributs sont regardés par une époque comme contradictoires. Ici, enfin, se lit ce rare moment où une artiste trouve les mots pour décrire son processus créatif et y parvient car elle a trouvé un interlocuteur, non seulement capable de tendre l’oreille, mais de mesurer l’aventure dans laquelle elle est engagée.»
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Ce livre reprend le fil des correspondances qui ponctuent le catalogue de L’éclat, depuis Le même livre de Jacques Hassoun et Abdelkébir Khatibi, aujourd’hui épuisé et paru en 1985, jusqu’aux Lettres du chemin de pierre de Patricia Farazzi et Michel Valensi, écrites sous un même toit pendant la pandémie ou la Vie imaginée de Shimon Guenzburg, éditeur typographe du XVIe siècle, à partir de sa correspondance avec Tirzah Adelkind, jeune fille vénitienne. Rappelons également les deux correspondances de Gershom Scholem : l’une avec Walter Benjamin, l’autre avec Leo Strauss, celle de Ludwig Wittgenstein avec son ami l’architecte Paul Engelman, ou l’Épistolaire de Carlo Michelstaedter, et plus récemment les Bandes passantes, échange de lettres électroniques entre une mère écrivaine (Patricia Farazzi) et son fils musicien (Raphaël Valensi), où deux écritures et deux générations se répondent comme en un cadavre exquis.
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Ce mois-ci quelques (bonnes) nouvelles de la presse, qui salue les titres parus ce trimestre:
Manuela Sáenz (1797-1856), compagne de Simon Bolivar, et de Jonatás, esclave affranchie de Patricia Farazzi:
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Sophie Ehrsam (En attendant Nadeau), rend hommage à la ”part sauvage” de la littérature, incarnée par quelques femmes écrivaines, dont Patricia Farazzi dans son « livre admirable », écrit-elle, sur Manuela Sáenz et Jonatás.
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Denis Seel (Diacritik), s’intéresse à l’esclave Jonatás, dont « Patricia Farazzi, magnifiquement, imagine [la] parole».
La Mohwak Warrior Society, coordonné par Philippe Blouin et coédité avec les éditions de la Rue Dorion :
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« Un exemplaire travail de médiation culturelle, qui offre au lecteur, au prix de quelques efforts d’éloignement de ses propres représentations, un vrai voyage intérieur en terre indienne » écrit dans Le Monde, Marie-Hélène Fraïssé, grande amatrice et savante des histoires indiennes.
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Puis, dans En attendant Nadeau, sous la plume de Pierre Tenne qui écrit: « La Mohawk Warrior Society fait apparaître l’image d’un combat important, à l’endroit exact où se rejoignent ces histoires, ces radicalités, ces imaginaires et les êtres qui les portent», évoquant implicitement d’autres endroits, d’autres histoires et d’autres radicalités aux prises avec des puissances toujours plus illégitimes.
Et toujours dans En attendant Nadeau que nous remercions pour leur attention à notre catalogue : un double compte rendu de Pascal Engel, au mieux de sa forme, sur La souveraineté du bien d’Iris Murdoch et Logique d’un monde en ruine d’Hermann Broch, renvoyant dos à dos l’‘impossible’ Broch à la ‘souveraine’ Murdoch, sur la question du bien et du bon et du beau, cuits tous ensemble aujourd’hui dans le chaudron du moderne.
Tous les titres du premier trimestre sont rassemblés ici. Les deux livres à paraître en mai sont annoncés sur la page des nouveautés, et ce sera l’été!
Merci de votre fidélité et faites suivre autant que vous pouvez cette lettre d’information, qui est notre meilleur moyen de faire connaître nos livres.