Dans le sud du Mexique, « à Oaxaca, la désobéissance civile est très près de devenir un soulèvement populaire qui, loin de s’épuiser, grandit et se radicalise jour après jour. Le mouvement a cessé d’être une lutte traditionnelle de protestation et a commencé à se transformer en un embryon de gouvernement alternatif. Les institutions gouvernementales locales sont des coquilles qui se vident chaque jour un peu plus de toute autorité, tandis que les assemblées populaires deviennent des instances dont émane un nouveau mandat politique. Les choses vont vite et l’exemple de la commune naissante d’Oaxaca est loin de se circonscrire à sa localité. » (La Jornada, 25 juillet 2006.)
Georges Lapierre arpente le Mexique depuis de longues années. En 2006-2007, il a tenu sur place cette chronique de la Commune d’Oaxaca, qui s’accompagne ici de documents inédits, d’une chronologie et d’une réflexion sur la communalité des peuples indiens, qui irrigue le mouvement de transformation sociale jusqu’au cœur de la ville. Paru pour la première fois en 2008 aux Éditions de la rue des Cascades, le livre reparaît aujourd’hui sans avoir perdu une once de son ‘actualité’.
Première édition de La Commune d’Oaxaca aux éditions de la Rue des Cascades, 2008
Préface de Raoul Vaneigem : «Vive la Commune!»
en couverture: murales du collectif lapiztola, Oaxaca.
« Ayant pris racine, en janvier 2007, à Ménilmontant, les éditions Rue des Cascades ont pu compter sur une solidarité active et une efficace complicité venant des rues Armand-Carrel, Sainte-Marthe, de Mouzaïa, des Prairies, Alexandre-Dumas, toutes situées aussi dans le Nord-Est parisien », écrivait Marc Tomsin (1950-2021) en page 4 de la première édition de ce livre, le deuxième des « Livres de la jungle ». Mais cette solidarité active et cette complicité efficace a vite dépassé clandestinement les frontières du Nord-Est parisien, pour se déployer un peu partout, des Montagnes du Sud-Est mexicain à la jungle Lacandone du Chiapas et jusqu’à Athènes ou aux terres crétoises de La Canée, où Marc meurt accidentellement le 8 juin 2021, le jour de la libération du squat de la Rosa Nera, et où il repose aujourd’hui.
Mais la Rue des Cascades se prolonge au-delà des frontières du vingtième arrondissement de Paris, et quelques amies et amis de Marc ont voulu que les livres continuent de vivre et continuent de témoigner de l’engagement tourbillonnant de celui qui se définissait comme un « ouvrier du livre ». Tandis que d’autres projets voient le jour, L’éclat/poche accueillera les « Livres de la jungle » au rythme lent de l’édition ‘pauvre’, que, par un euphémisme enthousiaste, on appelle ‘indépendante’. Les livres qui évoquent chaque fois un moment particulier des luttes du Chiapas seront publiés tels qu’ils l’ont été par Marc. Ils témoignent de ce moment-là qui dure. D’éventuelles mises à jour pourront les accompagner, mais s’ils sont ‘datés’ et peuvent sembler ‘dépassés’ (par les événements), ils rendent plutôt compte de notre propre dépassement par le tour qu’ont pris, ou qu’ont pu nous jouer les choses du monde, et nous encouragent à les lire et relire encore et à faire ce qu’on a lu.
Mexique, calendrier de la résistance