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Bonjour
Mario Tronti (1931-2023) DR.
Avec la disparition de Mario Tronti le 7 août dernier, le nouveau siècle perd un extraordinaire penseur et analyste de ses parcours heurtés. Début octobre, paraîtra dans L’éclat/poche La politique au crépuscule (1998), paru dans la collection ”Premier secours” il y a 23 ans et augmenté d’une note de l’éditeur. Elle revient sur l’une des thèses de Tronti à la fin du volume : « Le mouvement ouvrier n’a pas été vaincu par le capitalisme. Le mouvement ouvrier a été vaincu par la démocratie. » Chef-d’œuvre d’intelligence politique au seuil du 20e siècle, le livre est aujourd’hui d’une troublante actualité politique. Reste l’énigme de ce ‘crépuscule’ qui, en français seulement, désigne aussi une aube nouvelle. Viendra-t-elle? Nous reparlerons de ce livre au moment de sa parution. En attendant, deux titres de Tronti sont disponibles à L’éclat, Nous opéraïstes. Le roman de formation de l’Italie des années soixante, qui retrace l’histoire plus générale et subjective de l’opéraïsme italien, et La sagesse de la lutte, celle plus intime et poétique de Tronti lui-même, publié en 2021 à l’occasion de son 90e anniversaire.
Le 31 août paraîtront deux volumes dans la collection ‘éclats’.
- , Mallarmé au-delà du silence d’Henri Meschonnic avait été publié en guise de préface aux Écrits sur le livre de Stéphane Mallarmé (édité par Christophe Romana et Michel Valensi, L’éclat, 1986), épuisé depuis des lustres. Prenant le contre-pied d’une poésie de l’échec, telle que la définissait Sartre, et qui aurait conduit à un échec de la poésie, Meschonnic affirme l’oralité d’une poésie de laquelle, écrit-il, “nous sommes désormais inséparables”. Mallarmé avait ouvert des horizons que ses principaux lecteurs ont ensuite refermés derrière lui, le consacrant ’Prince des poètes’, “car, enfin, il faut bien que le génie ait lieu en dépit de tout, écrit Mallarmé, … et sans avoir lu, au besoin”. En revenant à ce moment charnière de la poésie contemporaine, Meschonnic incite à reprendre le cours d’une poésie qui s’est perdue dans le silence académique et au-delà duquel il faut aller pour en retrouver la voix.
- L’ange de Benjamin et l’enfant du Ghetto, de Jean-Louis Bertocchi part du choc qu’a éprouvé l’auteur en mettant côte à côte les deux images de L’Ange nouveau de Klee décrit par Benjamin dans les Thèses sur le concept d’Histoire, et de l’Enfant du Ghetto de Varsovie, mille fois reproduites dans mille contextes différents, et se trouve bouleversé par leurs ressemblances. Que nous indique les images et que dissimulent-elles? À la lumière des analyses de Benjamin, Bertocchi décrypte ce que l’on peut voir de notre propre histoire dans le regard de l’Enfant du Ghetto, quand il se juxtapose au regard de l’Ange. Ce rapprochement inédit inscrit l’Enfant juif du Ghetto au cœur de l’une des réflexions majeures du 20e siècle sur le concept d’Histoire, comme il rattache l’Ange Nouveau au destin de toutes les victimes de la barbarie, dont Benjamin partagea le sort en se donnant la mort à Port Bou en 1940.
Le 15 septembre nous rééditons deux livres consacrés au Chiapas et à la lutte des peuples indiens du Mexique, parus il y a quelques années aux Éditions de la Rue des Cascades. Après la disparition de l’éditeur, Marc Tomsin, nous nous efforcerons de continuer à faire vivre, avec l’aide de quelques amis et amies, une partie de son catalogue, les « Livres de la Jungle » dans L’éclat/poche. Deux livres ouvrent ce nouveau cycle d’édition :
- Le Calendrier de la résistance : Mexique 2003, suivi de Chiapas : la Treizième stèle du Sous-commandant insurgé Marcos, raconte dans le détail et avec un style où la poésie reprend magnifiquement son sens premier d’“action”, les événements de l’année 2003 qui constitue un tournant dans l’histoire de cette lutte exemplaire. Vingt ans plus tard, le Chiapas résiste encore, s’organise toujours et montre le chemin d’une alternative aux formes délétères du pouvoir, dans le silence assourdissant de la désinformation. Le livre est préfacé par Joani Hocquenghem.
- La Commune d’Oaxaca de Georges Lapierre, revient sur les événements de 2006, qui ont suivi à la grève des enseignants de l’Etat d’Oaxaca, le plus vaste, du Mexique, et sur la naissance d’un contre-pouvoir éphémère, réprimé dans le sang par les autorités mexicaines d’alors. Enrichi d’une mise à jour en 2023 par Georges Lapierre, qui arpente les rues du Mexique depuis plus de 40 ans, le livre reprend la préface de Raoul Vaneigem, « Vive la Commune!», écrite pour la première édition. Une page peu connue de l’histoire contemporaine du Mexique, qui est aussi celle des luttes ancestrales des peuples indiens. « Depuis que le Mexique s’est affranchi du joug espagnol, les maîtres de l’argent et leurs hommes politiques ont conduit et perpétré la destruction de la culture indigène, avec autant d’acharnement, sinon plus, que les conquistadores espagnols au XVIe siècle», écrit Marcos.
Et puis le nouveau Paris fait encore parler de lui. Il est question de démonter les boîtes des bouquinistes le long de la Seine parce qu’elles gêneraient la cérémonie d’inauguration des Jeux Olympiques de 2024. Une pétition circule pour le démontage des Jeux Olympiques de 2024 qui gêneraient les bouquinistes du bord de Seine. On peut lire à cette occasion Le flâneur des deux rives d’Apollinaire, et la préface de Patricia Farazzi qui évoque l’histoire de ces boîtes qui « se referment à la nuit comme des fleurs de fer … et s’ouvrent au jour pour libérer leurs parfums qui sont les savoirs et les déraisons ».
Le programme de rentrée des Éditions de l’éclat est désormais disponible sur la page des nouveautés.
Pour mémoire, tous les titres du premier semestre (et quelques autres) sont rassemblés ici, et nous comptons sur vous, comme vous pouvez compter sur nous, pour que ces quelques livres émergent du grand flot de la rentrée…
Bonne fin d’été…