Levinas et la guerre: sujet à première vue incongru, si l’on en croit l’image convenue du philosophe en «penseur de l’éthique et de l’altérité». et si ces thèmes ont bien entendu une importance centrale chez Levinas, réduire sa pensée à cette doctrine bien-pensante, c’est ignorer ce qui en constitue le point de départ, et qui ne cesse de sous-tendre toutes ses analyses: un redoutable réalisme, une conscience suraiguë de la nature tragique de l’histoire. La lucidité que Levinas oppose à la naïveté des bons sentiments provient de la constatation amère que «l’évidence de la guerre se maintient dans une civilisation essentiellement hypocrite». Les trois études réunies ici se proposent de retracer le chemin qui, chez Levinas, mène d’une vision métaphysique de la guerre, jusqu’à l’idéal d’une «paix messianique», rendue possible par une autre vision de l’histoire.
Ancien élève de l'École normale supérieure, Stéphane Mosès (1931-2007) s’installe à Jérusalem en 1969 où il devient professeur de littérature allemande et comparée à l'Université Hébraïque de Jérusalem. Son livre classique, Système et Révélation. La philosophie de Franz Rosenzweig, a été réédité chez Bayard. Il a également publié : L'Ange de l’histoire. Rosenzweig, Benjamin, Scholem (Seuil, 1992) et Eros et la Loi (Seuil, 1999). Deux autres livres ont paru à l'éclat : Exégèse d'une légende. Lecture de Kafka (2006) et Temps de la bible (2011), ainsi qu'un volume d'hommages : Retours (2009)
Levinas face au beau Visage(s) Difficile Levinas