María Zambrano
De l’Aurore
De l’Aurore (1987) fut (presque*) la première traduction en français d’un livre de María Zambrano. Le livre parut en 1989, traduit par Marie Laffranque, hispaniste et philosophe, qui n’économisa ni son temps ni son énergie pour faire connaître l’œuvre de son amie. Le volume passa presque inaperçu lors de sa première édition, mais permit à quelques lecteurs de découvrir une œuvre d’une extraordinaire singularité dans le paysage philosophique contemporain. Depuis, de nombreuses traductions ont pu paraître, assurant à María Zambrano une renommée posthume à l’étranger, quand l’Espagne la célébrait de son vivant comme l’un(e) de ses plus important(e)s philosophes.
C’est aux «levers de l’Aurore» que nous convie ici María Zambrano, à cette «fête inaugurale» du jour qui, depuis les premières cosmogonies jusqu’à Nietzsche, en passant par les grands mystiques espagnols, nous rappelle chaque matin l’intact des commencements, dont on retrouve la trace dans les aurores du geste ou de la parole, et qu’il faut nous remémorer pour que la vie commence.
« Toute l’intelligence et la parole de María Zambrano tendent à saisir l’éclat de l’insaisissable don de soi de la Vie dans l’insaisissable singularité de ses êtres. » Massimo Cacciari.
« María Zambrano n’a pas vendu son âme à l’idée, elle a sauvegardé son essence unique en mettant l’expérience de l’insoluble au-dessus de la réflexion sur lui, elle a en somme dépassé la philosophie… N’est vrai à ses yeux que ce qui précède le formulé ou lui succède, que le verbe qui s’arrache aux entraves de l’expression ou, comme elle le dit magnifiquement, la palabra liberada del lenguaje. » E. M. Cioran
«Lieu des craintes, des indices, des espérances, l’aurore est un confin, l’ouverture d’un sens, mais aussi cela qui fuit, dès que perçu. Elle donne le jour et disparaît. Ce livre propose un jeu d’images suggestives, où chacun peut retrouver ce qu’il ressent, expérimente, dès lors qu’il s’abandonne aux incitations de la vie et du monde.» M. Adam (Revue Philosophique).
* Les Clairières du bois avaient été publiées, à compte de traductrice, quelques temps auparavant. L’éclat en a assuré la réédition à compte d'éditeur en 1989.
< couverture de la première édition, L'éclat, "Philosophie imaginaire", 1989
María Zambrano est née à Malaga en 1904. Élève d'Ortega y Gasset, amie de Bergamín, Cernuda, Guillén, elle quittera l'Espagne en 1938 et séjournera au Mexique, à Cuba, puis en France, en Italie et en Suisse, avant de regagner l’Espagne quelques années avant sa mort en 1991. Son oeuvre, découverte en France grâce aux extraordinaires traductions de son amie Marie Laffranque, explore des sentiers peu fréquentés de la philosophie. Outre les deux volumes parus aux Editions de l'éclat, on peut lire plusieurs ouvrages traduits aux Editions Corti (Apophtegmes, Philosophie et poésie, L'Homme et le divin) ou aux Editions des Femmes (Sentiers, Notes pour une méthode).
Les personnes qui ont pu rencontrer Marie Laffranque (1921-2006) n’oublieront jamais l’extraordinaire personnalité de cette femme, née avec un très fort handicap physique, qui ne l’empêcha pas d’être de tous les combats aux côtés des républicains espagnols en exil et des anarchistes des groupes de la CNY-AIT de Toulouse, où elle avait de nombreuses et nombreux ami.e.s.
Le travail éditorial qui a accompagné cette traduction, en un temps où l’on communiquait encore par lettres – et Marie était une généreuse et attentive épistolière – reste parmi les plus intenses et riches qu’il nous a été donné d’accomplir aux Éditions de l’éclat. Les chapitres manuscrits, puis dactylographiés, voyageaient entre Toulouse, Combas et Madrid, où María Zambrano était revenue vivre depuis peu. María Zambrano les relisait attentivement et nous fit parvenir quelques feuillets inédits, omis par le premier éditeur espagnol, que nous avons intégrés à la traduction.
Lire un essai de María Zambrano sur Saint Jean de la Croix
Lire un essai de Massimo Cacciari sur María Zambrano et l’Europe
Lire un portrait de José Bergamin par María Zambrano
Lire une lettre de José Bergamín à María Zambrano
Voir le site de la Fondation Zambrano
Clairières du bois Saint Jean de la Croix Île de Porto Rico