Les formes de vie contemporaines sont marquées par l’impuissance, hôte importun de nos journées infinies. Que ce soit en amour ou dans la lutte contre le travail précaire, l’amitié ou la politique, une paralysie frénétique saisit l’action ou le discours quand il s’agit de faire ou de dire ce qu’il conviendrait de dire et faire. Mais, paradoxalement, cette impuissance semble due non pas à un déficit de nos compétences, mais plutôt à un excès désordonné de puissance, à l’accumulation oppressante de capacités que la société contemporaine arbore comme autant de trophées de chasse accrochés aux murs de ses antichambres. Virno poursuit ici son étude systématique du langage contemporain où s’exprime toute la complexité de notre modernité et qui témoigne de cette inversion des sens qui attribue la puissance au renoncement, ou la détermination au fait de taire ce qu’il nous faudrait dire. Livre sur le langage, De l’impuissance indique de loin les formes possibles d’un antidote, d’une voie de salut, qui nous ferait « renoncer à renoncer », et « effacer l’effacement de notre propre dignité».
Paolo Virno enseigne la philosophie du langage à l’Université Rome 3. Outre ses récents écrits sur la négation (Essai sur la négation, 2016) sur la régression à l’infini (Et ainsi de suite, 2014) ou le verbe Avoir (2020), un ensemble de ses textes écrits sur près de quarante années a été rassemblé aux Éditions de l’éclat en 2016 sous le titre L’Usage de la vie et autres sujets d’inquiétude.
Lire un entretien (biographique) avec Virno paru (en 2014) sur Multitudes...
Avoir Essai sur la négation L’usage de la vie Et ainsi de suite...