Depuis la parution de Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal en 1963, la notion centrale du livre de Hannah Arendt a fait l’objet de très nombreuses polémiques et discussions, dont quelques pièces sont données ici en appendice. Mais aujourd’hui, cinquante ans après le procès Eichmann, des historiens, des analystes, des écrivains et des philosophes engagent un débat posthume avec l’auteur du « rapport », autour des destins de cette « banalité du mal », qui a certes permis de méditer les écrits et les dires des exécuteurs et des victimes, mais n’a pas évité la banalisation problématique des bourreaux, transformant des criminels exterminateurs en « hommes ordinaires ». Demeure ainsi la question de savoir comment la banalisation de la « banalité du mal » a pu jouer contre le sens de la formule d’Arendt, et dans quelle mesure elle n’a pas provoqué, à son tour, d’autres «maux de la banalité » dans le regard de nos contemporains sur l’Histoire.
SOMMAIRE
Michelle-Irène Brudny-Edith Fuchs, Introduction.
Michelle-Irène Brudny-Jean-Marie Winkler, Note des éditeurs
Rolf Wintermeyer, Ressemblances.
Corinna Coulmas, Victimes et Täter. Impossibilité la mémoire du mal?
Gérard Rabinovitch, Fragments sur le Behemoth. Notes autour d’un syntagme oxymorique.
Jacquy Chemouni, L’homme ordinaire ou l’homme sans qualités : une approche psychodynamique de la banalité du mal.
Jürgen Ritte, Banalité et colportage : Le cas des Bienveillantes de Jonathan Littell.
Jean-Marie Winkler, Entre « banalité du mal » et banalisation de l’horreur.
Michelle-Irène Brudny, Anatomie de la « banalité du mal ».
Edith Fuchs, La « banalité du mal » comme absence de pensée selon Hannah Arendt.
DOCUMENTS
Irving Howe, Eichmann à Jérusalem et la controverse à New York.
Marie Syrkin, Hannah Arendt : Les habits de l’impératrice.
Roger Errera, Le cas Hannah Arendt.
Pierre Vidal-Naquet, La banalité du mal
Manès Sperber, Le désastre incompris.
Michelle-Irène Brudny, La polémique Scholem/Arendt et le rapport à la «tradition»