Les principes énoncés par Aristote, il y a de cela près de vingt-quatre siècles, déterminent encore la plupart de nos modes de penser et d’agir. Le principe de contradiction a un statut particulier, puisqu’il fit perdre patience à Aristote devant ses détracteurs, au point qu’il déclara: «Ils cherchent la preuve de ce qui n’a pas de preuve.» Et notre logique occidentale s’est contentée de ce mouvement d’humeur pour admettre avec lui que « si une chose est, il n’est pas possible qu’elle ne soit pas tout à la fois». Ceci aux différents plans logique, ontologique et psychologique – ce qui, à y regarder de près, n’est pas sans d’énormes conséquences. En 1910, le philosophe polonais Jan Lukasiewicz (1878-1957), publie un petit opuscule dont les implications n’ont pas encore été toutes mesurées. Le principe de contradiction défendu par Aristote n’est pas un principe logique, mais essentiellement un principe éthique, sans lequel il nous serait impossible de vivre les uns avec les autres. Le Stagirite était – avant tout – un animal politique.
< Couverture de la première édition, L’éclat, collection “Polemos”, 2000