Comme souvent chez Paolo Virno, un détail est hissé à des niveaux d’interprétation inédits et son analyse éclaire d’un jour nouveau le tableau tout entier de notre relation au monde. Le point de départ est ici le dispositif de la «régression à l’infini», qui nous fait nous demander le pourquoi d’une chose, puis le pourquoi du pourquoi, et ainsi de suite à l’infini... Elle constitue, avec la «négation» et le «possible», la base logique de la métaphysique. Mais toute l’originalité du travail de Virno est d’en déplacer le champ et de la placer dans celui d’une anthropologie matérialiste, où elle agit sur le terrain des émotions humaines.
De ce point de vue, la régression à l’infini, qui «indique l’incomplétude d’une démonstration», pointe les situations où l’individu, face au monde, fait le constat de son échec. Et « ne faisant pas autre chose que de proposer à nouveau, à un niveau plus abstrait, le problème même qu’elle paraissait avoir tout juste résolu», elle ressemble à s’y méprendre à ces expériences quotidiennes auxquelles est confronté l’homme dans la société, l’homme face au politique, par exemple, sur lequel il n’a plus prise. Dès lors, quelles sont les méthodes pour l’interrompre ? En irait-il de notre vie pleine et entière si nous ne parvenions pas à les trouver ?
Sommaire: 1. La signification anthropologique de la régression à l’infini. 2. Types de régression. 3. Émotions récursives. 4. Théorie et techniques de l’interruption. Deux réflexions expérimentales sur logique et politique. 1. Le prétendu « mal » et la critique de l’État. 2. Les anges et le general intellect.
Paolo Virno (1952) enseigne la philosophie du langage à l'Université de Rome. Aux Éditions de l'éclat ont paru plusieurs de ses ouvrages depuis 1991 : Opportunisme, cynisme et peur (1991), Miracle, virtuosité et 'déjà vu' (1996), Le souvenir du présent (1999) et Grammaire de la multitude (2002).
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