María Zambrano a écrit Île de Porto Rico à Cuba en 1940, lors de son exil en Amérique latine et centrale où elle passa treize années. Témoignage d’amitié à l’égard de ses amis portoricains, le livre évoque la question de l’insularité comme miroir de l’exil où s’expriment “l’espérance d’un monde meilleur” et “la nostalgie d’un temps à venir”. L’île, dans sa forme, est une promesse, suspendue entre ciel et mer, et semble constituer un espace et un moment antérieurs à ce temps de l’homme, condamné et solitaire. Et c’est aussi, paradoxalement, cet isolement de l’île qui permet que s’apaise sa solitude et que s’affirme la possibilité d’une utopie, d’un hors-lieu de liberté et d’espoir. Longue digression poétique et philosophique, Île de Porto Rico est un hymne à l’insularité que María Zambrano retrouve aussi dans ce que fut ‘son’ Espagne, île plus que péninsule, antérieure à la dictature qui l’a contrainte à l’exil.
María Zambrano est née à Malaga en 1904. Élève d’Ortega y Gasset, amie de Bergamín, Cernuda, Guillén, elle quittera l’Espagne en 1938 et séjournera au Mexique, à Cuba, puis en France, en Italie et en Suisse, avant de regagner l’Espagne quelques années avant sa mort en 1991. Son oeuvre, découverte en France grâce aux extraordinaires traductions de son amie Marie Laffranque, explore des sentiers peu fréquentés de la philosophie. Outre Clairières du bois et De l’Aurore parus aux Editions de l’éclat en 1988 et réédités dans L’éclat/poche, et le petit chef -d’œuvre : Saint Jean de la Croix: De la 'nuit obscure’ à la plus claire mystique (1939) que précède une traduction du Cantique spirituel du Saint poète, on peut lire plusieurs ouvrages traduits chez Corti (Apophtegmes, Philosophie et poésie, L’Homme et le divin) aux Editions des Femmes (Sentiers, Notes pour une méthode), ou chez Jérôme Millon (L’inspiration continue, La confession: un genre littéraire).
Saint Jean de la Croix De l’Aurore Clairières du bois