Dans le domaine métaphysique, le philosophe et théologien médiéval Guillaume d’Occam énonça des préceptes d’austérité ou de simplicité passés à la postérité sous le nom de " Rasoir d’Occam" et sous la forme d’une injonction : il ne faut pas multiplier les êtres et les principes d’explication au-delà de ce qui est nécessaire. Le «Rasoir de Kant» fait jouer ce même principe d’économie dans le domaine moral, et permet ainsi de dessiner les contours d’une éthique minimaliste, mais non moins propre à la vie sociale. Plus de deux cents ans après Diderot, Ruwen Ogien repose, à sa manière, la question du Supplément au voyage de Bougainville concernant les « inconvénients d’attacher des idées morales à certaines actions qui n’en comportent pas» , et soumet la réflexion morale à un diagnostic qui décevra sans doute les amateurs de certitude, mais réjouira ceux qui se refusent à la réduire au moralisme ambiant.
Philosophe et directeur de recherches au CNRS, Ruwen Ogien (?-2017) a publié de nombreux ouvrages depuis La faiblesse de la volonté (PUF, 1993) parmi lesquels, très récemment, Mes mille et une nuits. La maladie comme drame et comme comédie (Albin Michel, 2017). Il est mort des suites de cette "maladie comme drame et comme comédie" le 4 mai 2017 (lire notre hommage ici).