Sans doute fallait-il la présence d’esprit de José Bergamín pour tisser autour de «L’importance du Démon» ces autres essais sur le roman, l’art, la disparate, le théâtre et la tauromachie ; autant de choses sans importance puisqu’elles ne sont au fond que le Démon même sous de multiples déguisements. Déguisements trompeurs qui entraînent l’homme dans le labyrinthe de lettres et de signes de l’embrouillamini bergaminien dans lequel philosophie et littérature se mêlent dans “l’air du temps”. L'air d'un temps qui n'est plus le nôtre, où la pensée s’exprime dans et par l’écriture, où l’écrit cisèle, en orfèvre, une pensée qui jamais ne consent à se montrer sans son formidable “habit de lumière” qu’est le style.
Dès lors, l’interprétation du roman, de l'art, du théâtre, de la tauromachie, de l’activité de l'homme est, pour Bergamín, quête de ce qui est philosophia, quête de ce qui est le Démon de cet “amour de la sagesse”, quête de la seule chose véritablement qui importe, sa religion.
Espagnol s'il en fut, figure de proue de sa génération, bien que délibérément classique et paradoxal, José Bergamín (1895-1983) n’a cessé de brouiller les pistes. Connu en France pour ses essais sur la Tauromachie (L'art de birlibirloque, La solitude sonore du Torero) la majeure partie de son œuvre est consacrée à la culture espagnole et religieuse. Pour les Editions de l'éclat, Yves Roullière a traduit et présenté quatre autres de ses livres: L’Espagne en son labyrinthe théâtral au XVIIe siècle (1992), Le puits de l’angoisse (1997), Terrorisme et persécution religieuse en Espagne (2008) et En tauromachie tout est vérité et tout est mensonge (2012).
Juan David García Bacca María Zambrano