Hermann Broch (1886-1951) figure certainement, avec Proust, Musil et Joyce, au panthéon des grands «inventeurs de roman» du vingtième siècle. Mais le public francophone sait peu qu’il se consacra également à l’écriture d’une importante oeuvre philosophique, sans jamais vouloir parvenir à lui donner une forme définitive. Les six essais, publiés ici pour la première fois en français, furent écrits entre 1931 et 1946 et rendent compte de ce que Broch aimait appeler sa «théorie de la connaissance», fondée une conception très personnelle du concept de valeur.
Portant sur des sujets apparemment divers, ils concernent finalement tous une seule et même question: comment la rationalité peut-elle permettre de saisir ce qui, dans toute activité humaine, dépasse le champ du rationnel ? Ou en d’autres termes : quelle est la logique du secret de ce qui dépasse la logique?
Ainsi l’oeuvre de Broch, centrée sur ce « paradoxe de l’irrationalité», constitue, à sa manière, et tout aussi paradoxalement que celle de Musil, pour ne citer qu’un exemple, un versant non négligeable de ce qui deviendra un courant important de la philosophie contemporaine, issue des leçons viennoises de Boltzman, Schlick, Moritz ou Carnap au début du vingtième siècle.
Toute l'oeuvre narrative de Broch a été traduite et publiée chez Gallimard. Avec ces publications à L'éclat (Théorie de la folie des masses et De la peine de mort), on commence à découvrir son oeuvre philosophique, laissée dans l'ombre d'un travail sans cesse renouvelé et interrompu par la mort en 1951.
Lire le compte rendu de Pascal Engel dans En attendant Nadeau
Lire la note de Nicolas Weill dans Le Monde
La première édition de Logique d'un monde en ruines a paru dans la collection «Philosophie imaginaire» en 2005.
Table des matières
1. Logique d’un monde en ruine (1931);
2. Réflexions sur le problème de la connaissance en musique (1934);
3. Observations sur la psychanalyse sur la base de la théorie des valeurs (1936);
4. Connaissance intellectuelle et connaissance poétique (1936);
5. Considérations sur le problème de la mort de la civilisation (1936);
6. Sur les unités syntaxiques et cognitives (1946).
De la peine de mort, du judaïsme, de la démocratie et du principe d'humanité Théorie de la folie des masses