Sous-commandant Insurgé Marcos
Mexique, calendrier de la résistance
suivi de Chiapas: la treizième stèle
« Lieu : les montagnes du Sud-Est mexicain.
Date : janvier 2003.
Heure : au petit matin.
Climat : froid, pluvieux, tendu.
Altitude : tant de mètres au-dessus du niveau de la mer.
Visibilité : sans lampe-torche, on n’y voit que dalle.»
Ainsi s’ouvre le calendrier mexicain des jours et des nuits de l’année 2003, des luttes formidables des habitants du Chiapas et des horreurs de la basse politique, sous la plume toujours poétique dudit Sous-commandant Insurgé Marcos, avant qu’il ne rejoigne en 2014 la foule anonyme des femmes et des hommes du Mexique, où vivent Mixtèques, Popolaques, Chocos, Triquis, Ámuzgos, Mazatèques, Cuicatèques, Chinantèques, Zapotèques, Chatinos, Mixes, Chontals, Huaves, Nahuas, Zoques, Izcatèques ou Tacuates et tant d’autres peuples autochtones. « Depuis que le Mexique s’est affranchi du joug espagnol, les maîtres de l’argent et leurs hommes politiques ont conduit et perpétré la destruction de la culture indigène, avec autant d’acharnement, sinon plus, que les conquistadores espagnols au xvie siècle », écrit-il ici, et le calendrier d’il y a vingt ans, dit aussi les vingt ans de résistance qui ont suivi et ceux qui suivront encore, jusqu’à ce que cette lutte exemplaire, secrète et occultée, ne rende justice à ces peuples dans le respect de leur dignité et de leur autonomie.
Mexique, calendrier de la résistance a paru pour la première fois en français aux éditions de la rue des Cascades, en 2007 dans la série «Les Livres de la jungle»
Préface (2023) de Joani Hocquenghem
« Ayant pris racine, en janvier 2007, à Ménilmontant, les éditions Rue des Cascades ont pu compter sur une solidarité active et une efficace complicité venant des rues Armand-Carrel, Sainte-Marthe, de Mouzaïa, des Prairies, Alexandre-Dumas, toutes situées aussi dans le Nord-Est parisien », écrivait Marc Tomsin (1950-2021) en page 4 de la première édition de ce livre, le deuxième des « Livres de la jungle ». Mais cette solidarité active et cette complicité efficace a vite dépassé clandestinement les frontières du Nord-Est parisien, pour se déployer un peu partout, des Montagnes du Sud-Est mexicain à la jungle Lacandone du Chiapas et jusqu’à Athènes ou aux terres crétoises de La Canée, où Marc meurt accidentellement le 8 juin 2021, le jour de la libération du squat de la Rosa Nera, et où il repose aujourd’hui.
Mais la Rue des Cascades se prolonge au-delà des frontières du vingtième arrondissement de Paris, et quelques amies et amis de Marc ont voulu que les livres continuent de vivre et continuent de témoigner de l’engagement tourbillonnant de celui qui se définissait comme un « ouvrier du livre ». Tandis que d’autres projets voient le jour, L’éclat/poche accueillera les « Livres de la jungle » au rythme lent de l’édition ‘pauvre’, que, par un euphémisme enthousiaste, on appelle ‘indépendante’. Les livres qui évoquent chaque fois un moment particulier des luttes du Chiapas seront publiés tels qu’ils l’ont été par Marc. Ils témoignent de ce moment-là qui dure. D’éventuelles mises à jour pourront les accompagner, mais s’ils sont ‘datés’ et peuvent sembler ‘dépassés’ (par les événements), ils rendent plutôt compte de notre propre dépassement par le tour qu’ont pris, ou qu’ont pu nous jouer les choses du monde, et nous encouragent à les lire et relire encore et à faire ce qu’on a lu.
La Commune d’Oaxaca