«Au commencement était le choix» écrit Pareyson, mais «le premier acte de liberté a été, en Dieu, un acte de liberté positive et, en l’homme, un acte de liberté négative. Une divergence immense, un déclin épouvantable et irréversible. Est -il possible d’arrêter cette sinistre décadence et d’inverser le cours des choses?» Ainsi la philosophie de la liberté qui se dessine dans ces pages se fonde-t-elle sur un rapport étroit avec le problème du mal et de la souffrance : — du «mal en Dieu», comme possibilité ; de la souffrance de l’homme comme réalité. Elle prend la forme d’une herméneutique de l’expérience religieuse s’appuyant sur le mythe, en tant qu’il est le plus à même de rendre compte du caractère inépuisable du transcendant. Et pour approcher au plus près le «moment athée de la divinité», Pareyson déploie ici une écriture tourmentée, fragile et tendue à l’extrême, portant témoignage d’une expérience de pensée singulière qui ne s’est jamais accommodée de la seule réponse «morale» apportée à la question fondamentale formulée pour la première fois par Leibniz: «Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?».
Luigi Pareyson (1918-1991) a été membre de l’Accademia dei Lincei. Il a enseigné l’esthétique à l’Université de Turin pendant près de vingt ans, avant de devenir titulaire de la chaire de Philosophie théorétique. Ses Conversations sur l’esthétique ont paru aux éditions Gallimard en 1992.
Jules Lequier