Dès la fin de l’empire romain, l’institution du christianisme ne progressa que moyennant la stigmatisation des Juifs ainsi condamnés à vivre en rebuts de l’Occident. Dès les débuts de la déchristianisation, à la fin de l’Aufklärung, le fantasme d’une disparition définitive du peuple juif hors de la communauté humaine se dit à voix haute, et selon deux termes : «assimilation», «extermination». Jean-Luc Evard reconstitue les formes de diffusion du fantasme exterminateur entre 1850 et 1950, à l’échelle du continent européen et à partir de documents d’archives dont il livre ici pour la première fois la traduction française. La Shoah avait commencé avant la Shoah, elle eut lieu en un point médian, en Pologne, à mi-chemin de Paris et de Moscou. Ce site concrétise la topographie historique de l’antisémitisme au siècle des guerres et des révolutions, quand l’Europe commence de se suicider. L’étude de ces prolégomènes vise à déplacer l’histoire et la mémoire de ces deux catastrophes indissociables. Elle suit également la trace de l’insigne par excellence de la judéophobie, la swastika ou croix gammée, qui traversera les cercles littéraires les plus influents de l’Allemagne avant 1933, pour venir se ficher au coe ur d’un drapeau qui abîmera l’Europe pendant plus de dix ans.
Jean-Luc Evard est traducteur, germaniste et auteur de nombreux articles parus notamment dans Les Temps Modernes, Lignes et la Revue d’Histoire de la Shoah. Il fut lauréat du Prix Ernst Jünger en 2000. Il est bibliothécaire ingénieur de recherche à la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine, Paris X-Nanterre.
Ernst Jünger. Autorité et domination