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À moins qu'il ne préfère se retrouver seul, l'IBU entretient avec les autres IBUs une grande variété de formes de communication et d'échanges. Il leur fait des signes, leur parle, les touche, travaille avec eux, leur raconte ses expériences. Tout ce qu'il sait fait partie du PILI, communication, éducation, échange d'informations, expression des pensées, des sentiments, des désirs. La transmission et le développement des connaissances fait partie de l'identité culturelle (NIMA). Chaque culture possède sa propre 'pédagogie'. La fonction de la transmission culturelle a été usurpée par des institutions spécialisées de l'État comme les écoles, les universités, les prisons, etc. Dans les BOLOs, ces institutions n'existent plus; l'apprentissage et l'enseignement sont des éléments directement intégrés à la vie. Chacun est à la fois un élève et un maître. Comme les jeunes IBUs accompagnent leurs aînés dans les ateliers des BOLOs, dans les cuisines, dans les fermes, dans les salles d'opération ou dans les laboratoires, ils peuvent apprendre directement à partir de situations pratiques. La transmission de la sagesse, du savoir-faire, des théories et des styles accompagne chaque processus de production ou de réflexion. Chaque activité est 'dérangée' par son enseignement. À l'exception de l'apprentissage du vocabulaire de base de BOLO'BOLO (ASA'PILI), il n'y a pas de scolarité obligatoire. Les BOLOs peuvent apprendre à lire, à écrire et à compter à leurs jeunes IBUs s'ils estiment que c'est nécessaire à leur culture. Il se peut que certains BOLOs développent une passion ou des qualifications pédagogiques particulières, de sorte que les jeunes IBUs d'autres BOLOs s'y rendent pour apprendre certaines choses. Ou bien, s'il y a suffisamment d'entente dans un arrondissement dans un comté (TEGA, FUDO), des espèces d'écoles sont organisées. Mais tout cela est complètement volontaire et change selon les endroits. Il n'y a ni système scolaire standardisé ni programme officiel. Au niveau d'entreprises plus spécialisées ou plus grandes (hôpitaux régionaux, chemins de fer, usines électriques, petites fabriques, laboratoires, centres de calcul, etc.) les connaissances sont acquises sur le tas. Chaque ingénieur, médecin ou spécialiste a quelques étudiants dont il s'occupe personnellement. On peut bien sûr arranger des cours spéciaux pour eux ou les envoyer chez d'autres 'maîtres' ou dans des BOLOs spécialisés. L'acquisition des connaissances se fait partout sur une base pratique, personnelle et volontaire. Il n'y a pas de sélection standardisée, de titres, de diplômes, etc. (Chacun peut s'appeler 'docteur' ou 'professeur'.) Afin de faciliter la circulation de connaissances et de savoir-faire, les arrondissements ou les communautés organisent des centres d'échanges culturels, des marchés de connaissances. Dans ces 'académies réciproques' (NIMA'SADI), chacun offre des cours et en suit d'autres. Les anciens bâtiments d'école sont réutilisés et adaptés en y ajoutant des portiques, des colonnades, des bains, des bars, etc. Dans les bâtiments, il peut y avoir des théâtres, des cinémas, des cafés, des bibliothèques, etc. Le 'menu' de ces académies peut aussi faire partie d'un réseau informatisé afin que chaque IBU sache où trouver tel type de renseignements ou d'enseignement. Comme les IBUs ont beaucoup de temps à disposition, la transmission des connaissances scientifiques, magiques et pratiques se développe considérablement. L'expansion de l'horizon culturel est l'une des activités principales de l'IBU, mais elle se fait sans formalisme. La disparition des systèmes centralisés, à haute consommation d'énergie et à haute technologie rend superflue la science centralisée, bureaucratique et formaliste. Il n'y a pourtant pas de risque que se développe un nouvel 'âge sombre'. Il y a d'infinies possibiIlités d'information et de recherche, la science est à la portée de chacun et les méthodes analytiques traditionnelles existent parmi d'autres sans avoir le statut privilégié qu'elles ont eu depuis le dix-septième siècle. Les IBUs évitent soigneusement de dépendre de spécialistes en n'utilisant que des techniques qu'ils maîtrisent eux-mêmes. Comme cela se produit pour d'autres spécialisations, certains BOLOs ou académies (NIMA'SADI) sont célèbres à cause des connaissances qu'on peut y acquérir et on leur rend visite du monde entier. Les maîtres, gourous, sorcières, magiciens, sages, enseignants de toutes sortes qui ont une grande réputation dans leur domaine sont entourés d'étudiants. Les règles planétaires de l'hospitalité (SILA) encouragent ce type de tourisme scientifique bien plus que le système des bourses. L'Université est enfin devenue universelle. La communication a beaucoup changé dans les conditions du BOLO'BOLO. Au lieu d'être fonctionnalisée et centralisée, elle est orientée vers la compréhension mutuelle, les contacts et les échanges horizontaux. Les centres de l'information (TV, radio, maisons d'édition, bases de données électroniques) ne décident plus de ce dont nous avons besoin pour que notre comportement s'adapte au fonctionnement de la Machine-Travail. Comme le système n'est plus fondé sur la spécialisation, le cloisonnement et la centralisation, l'information ne sert plus à l'empêcher de se détraquer. Avant BOLO'BOLO, les nouvelles étaient faites de manière à ce que personne n'ait le temps de se préoccuper de ce qui se passait dans son propre quartier. On était obligé d'écouter la radio pour savoir ce qui se passait dans sa propre ville. Moins on avait le temps de s'intéresser aux choses et plus on avait besoin d'informations. Comme on perdait contact avec le monde réel, on dépendait d'une réalité artificielle et trompeuse qui était produite par les médias. C'est ainsi qu'on perdait la faculté de percevoir directement son propre environnement. Grâce à l'intensité de sa vie interne et grâce à ses échanges mutuels, le BOLO'BOLO réduit le nombre des événements non vécus directement et par conséquent le besoin d'information. Les nouvelles locales ne doivent plus être transmises par les journaux ou les médias électroniques car les IBUs ont suffisamment de temps et de possibiIlités pour échanger oralement des nouvelles. Les bavardages et commérages au coin de la rue, au marché et à l'atelier sont plus intéressants qu'un journal local. Le type de nouvelles a changé: pas de politique, de scandales politiques, de guerres, de corruption, pas d'activités des gouvernements ou des multinationales. Comme il n'y a pas d''événements centraux', il n'y a pas de nouvelles à leur propos. Il se passe peu de choses, c'est-à-dire que le théâtre du quotidien s'est déplacé de l'univers abstrait des médias dans la cuisine du BOLO. La première victime de cette situation a été la presse de masse. Non seulement ce média permettait peu de communication bi-directionnelle (le courrier des lecteurs n'était qu'un alibi), mais, de plus, il gaspillait du bois, de l'eau et de l'énergie. L'information sur papier se limite aux bulletins de toutes sortes, aux rapports d'arrondissements ou d'assemblées de comté (DALA) et aux revues. La liberté de presse a été rendue aux utilisateurs. Il y a davantage de revues publiées irrégulièrement par toutes sortes d'organismes, de BOLOs, de collectifs d'écrivains, d'individus, etc. Le rôle et l'utilisation des livres ont changé. La production de masse de livres a été fortement réduite car beaucoup moins de livres sont nécessaires pour les bibliothèques des BOLOs. Même s'il y a 100 fois moins de livres, l'accès aux livres pour chaque IBU n'en est que plus facile. Grâce aux bibliothèques des BOLOs, on évite un immense gaspillage de bois, de travail et de temps. Chaque livre est de qualité et sa valeur n'en est que plus estimée. Il n'est plus une source d'information jetée après usage (livres de poche). L'information technique et scientifique, accessible à tout endroit et à tout moment, peut être stockée dans des bases de données électroniques et n'est imprimée que quand cela est nécessaire. Le livre comme objet redevient un objet d'art, comme au Moyen Âge. Dans certains BOLOs, on étudie la calligraphie et on produit des copies manuscrites avec des enluminures. Elles sont notamment offertes comme cadeaux ou échangées sur les marchés. BOLO'BOLO n'est pas une civilisation électronique, car les ordinateurs restent des systèmes centralisés et dépersonnalisés. Les BOLOs peuvent se passer complètement d'électronique car leur autarcie dans de nombreux domaines fait qu'ils se passent de beaucoup d'échange d'information. D'autre part le matériel existant peut aussi être utilisé par les BOLOs à d'autres fins. Les réseaux de radio et de télévision et les réseaux de données électroniques sont efficaces du point de vue énergétique et permettent plus que d'autres médias un contact horizontal entre les usagers. Des réseaux de télévision locale, des stations radio et des bibliothèques vidéo sont installés par des organismes locaux (voir TEGA, FUDO) et rester sous le contrôle collectif des usagers. Là où l'électronique est utilisée par les BOLOs, peu de matériel est nécessaire et il n'y a aucune commune mesure avec le cas des ordinateurs domestiques sous-utilisés comme on les a connus. Peu d'usines (une ou deux par continents) produisent l'équipement nécessaire et surtout les pièces de rechange. Le réseau téléphonique doit être complété pour que chaque BOLO ait au moins un appareil. Ceci signifie qu'il peut être relié aux ordinateurs et aux banques de données régionales et planétaires. Chaque BOLO doit bien sûr décider, sur la base de son identité culturelle, s'il a besoin de ces moyens de communication ou pas. Comme les transports sont plus lents, moins fréquents et de capacité réduite (cf. FASI), un réseau de communication électronique peut se révéler utile. Pour contacter un BOLO, un coup de fil, c'est si facile. Chaque IBU peut en principe atteindre n'importe quel IBU. Un réseau de communication horizontale est un complément idéal à l'autosuffisance. Indépendance ne doit pas devenir synonyme d'isolement. Il y a peu de risques pour les BOLOs de devenir dépendants de ces technologies et de quelques spécialistes, car ils peuvent toujours en revenir aux contacts personnels. (Sans les BOLOs et leur autarcie relative, les ordinateurs risqueraient d'être les moyens de contrôle d'une machine centralisée.) Une information complète et rapide signifie une plus grande richesse pour les BOLOs, c'est-à-dire l'accès à une plus grande variété de possibilités. Les BOLOs isolés appellent différents 'menus' d'une base de données pour savoir où se procurer certains biens, services ou savoir-faire à une distance raisonnable et selon la qualité requise. C'est ainsi que des dons, des accords permanents d'échange, des voyages, etc. sont facilement organisés sans recourir à l'argent. |
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