l'éclat

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Qu'est-ce véritablement que le noir, le blanc et le rouge?

«Si quelqu'un dit rouge (le nom d'une couleur) et que cinquante personnes écoutent, on peut s'attendre à ce qu'ils aient à l'esprit cinquante rouges, et l'on peut être sûr que tous ces rouges seront différents.»

(J. Albers, Interaction de la couleur)

Un test de l'œil rouge. Les yeux sont plus sensibles au rouge. Ce matin, Peter a examiné mes yeux au St Bartholomew's*. Je devais le regarder dans les yeux tandis qu'il faisait bouger un stylo à capuchon rouge dans mon champ de vision. Tout à coup, le gris est passé au rouge vif. Aussi vif qu'un feu rouge.

«Commencer à enseigner à quelqu'un: “Cela semble rouge” n'a pas de sens, car il doit le dire de manière spontanée une fois qu'il a appris ce que Rouge signifie, c'est-à-dire une fois qu'il a assimilé la technique d'utilisation de ce mot. Car si quelqu'un maîtrise l'utilisation de ce qui semble rouge – ou plutôt de ce qui me semble rouge –, il doit aussi être capable de répondre à la question “c'est comment, le Rouge?” et “comment est quelque chose qui vire au Rouge?”»

(Wittgenstein)

Rouge. Couleur primaire. Rouge de mon enfance. Le bleu et le vert étaient toujours là, dans le ciel ou les bois, mais on ne les remarquait pas. Le premier rouge qui m'ait marqué était celui d'un parterre de pélargoniums dans la cour de la Villa Zuassa*. J'avais quatre ans. Ce rouge n'était pas contenu, il n'avait pas de limites. Les fleurs rouges se déployaient jusqu'à l'horizon.

Le rouge se protège. Aucune couleur n'est aussi territoriale. Il revendique, il est en alerte, il se détache du spectre des couleurs.

Le rouge habitue l'œil à l'obscurité. Infrarouge.

Dans le jardin de mon enfance, le rouge avait une odeur; lorsque je frottais les feuilles du pélargonium zonal, l'écarlate emplissait mes narines. J'appelle plus formellement cette plante pélargonium, plutôt que géranium, parce que «géranium» évoque un rose sale. L'écarlate de la rose Paul Crampnel est l'écarlate parfait. L'écarlate des parterres de fleurs; le rouge public, civique, municipal, réfléchi par les joyeux bus rouges qui donnent aux rues une pointe de gaieté dans la grisaille.

Iris, l'arc-en-ciel, a donné naissance à Eros, le cœur du sujet. L'amour, comme le cœur, est rouge. Non pas comme la viande rouge, mais le pur écarlate des fleurs. Pourriez-vous imaginer un cœur sanguinolent pour la Saint Valentin? En amour comme à la guerre, tous les coups sont permis, et le rouge est sans conteste la couleur de la guerre. La couleur de la vie s'échappant d'un cœur brisé est une larme de sang rouge. Sacré cœur de Jésus.

«Mon amour est comme une rouge rose rouge.»

«Les Français ont une expression heureuse pour les tendances les moins perceptibles du jaune et du bleu vers le rouge. Ils disent que la couleur a un œil de rouge, expression que l'on pourrait traduire par une “pointe de rouge”.»

(Goethe, cit.)

L'amour se consume

dans la passion du rouge.

Marylin étendue sur les draps écarlates.

chagrin d'amour,

Elle est «la rose du champ de bataille».

La rose de Jéricho qui a poussé à Bethléem.

Vino Santo. Vin rouge. Gros rouge. Fermez vos yeux ivres et voyez rouge à jamais.

«Le rouge, qui est la conséquence d'une forte impression de lumière, peut durer quelques heures.»

(Ibid.)

Si vous regardez fixement la lumière du monde dans les yeux, la création vire à l'écarlate.

À l'hôpital, ils vous mettent des gouttes de belladone qui piquent les yeux pour dilater vos pupilles, puis ils prennent des photos avec un flash. C'était comme ça à Hiroshima? Suis-je vivant pour témoigner? Pendant une fraction de seconde, on voit un cercle bleu ciel, puis le monde se reforme, couleur magenta.

J'ai toujours quatre ans. Le pélargonium zonal éclaire mes yeux. J'en cueille d'énormes bouquets devant l'œil de l'esprit de mon père, sa caméra.

Je suis assis ici et j'écris ces phrases, vêtu d'un tee-shirt rouge vif de chez Marks & Spencer. Je ferme les yeux. Dans le noir, je me souviens du rouge, mais je ne peux pas le voir.

Mes pélargoniums rouges, couleur d'un mois de juin brûlant, n'ont jamais fané. Je fais des boutures chaque automne, et bien qu'ils restent confinés dans des pots de fleurs, je revois le passé en les regardant. Les autres couleurs changent. L'herbe n'a plus le vert de mon enfance. Le bleu n'est plus celui du ciel d'Italie. Les couleurs sont flottantes. Seul le rouge est constant. Le rouge s'arrête dans l'évolution des couleurs.

Il y a peu de rouge dans le paysage. Son absence fait sa force. L'espace d'un instant, dans un crépuscule extatique, le vaste globe du soleil, sombrant derrière l'horizon… et puis s'en va. Je n'ai jamais assisté au légendaire éblouissement vert. Rappelez-vous que les grands crépuscules procèdent de la violence et du cataclysme. Krakatoa et Popocatépetl.

Je cligne des yeux. Le Petit Chaperon Rouge est dans la forêt sombre. Une pèlerine rouge vif dans une obscurité qui s'épaissit. Le loup aux yeux rouges se pourlèche les babines écarlates.

peintres, utilisez le rouge comme une épice !

« Ne fais jamais confiance à une femme qui s'habille en rouge et noir» conseille la mère victorienne de Robert. Mais devrions-nous pour autant faire confiance à un Red Coat*? Nous pourrions nous trouver au bout de son mousquet.

Cet endroit si secret et convoité, la coiffeuse de ma mère, un autel pour Aphrodite la rose – rouge à lèvres écarlate, délicatement parfumé, rouge à joues, et vernis à ongles rouge vif. Je déambule dans la chambre, trébuchant, en pantoufles rubis, – elles sont trop grandes pour moi. Je ne suis pas Cendrillon. Oubliez le pays d'Oz, je suis dans The Women ! Rouge jungle … l'odeur du fixatif et des bonbons à la poire. J'admire la dextérité de ma mère. Lèvres, joues et ongles rouges – que je l'aide à vernir. Le vernis vous fait planer. J'essaie de vernir mes propres ongles et me prends une furieuse engueulade. Je suis la pute écarlate de Babylone, dansant sur les Jardins Suspendus. Mon père me hurle dessus, rouge de colère. «Mais pourquoi n'est-il pas simplement… merde! Il se fout de ma gueule!»

«Le vermeil ne peut être mis en contact avec le teint le plus rose sans lui faire perdre de sa fraîcheur. Le vermeil et le cramoisi clair ont le sérieux inconvénient de rendre le teint plus ou moins vert.»

(Michel Eugène Chevreul*)

Dans les années soixante, Mary Quant* a trahi le rouge avec un rouge à lèvres bleu qui allait faire planer l'ombre de la mort sur bien des lèvres. Le rouge doit rester à sa place. Les lèvres sont rouge rubis. Les lèvres bleues me donne le frisson. Imaginez un géranium bleu. Ils sont en train de fabriquer une rose bleue – qui sera une contradiction jusqu'à la fin des temps. Il m'a offert une douzaine de roses bleues pour me déclarer sa flamme! On ne peut pas apporter un message d'amour avec le blues...

La Mer Rouge guérit. La traverser provoque une transformation, un baptême. L'exode d'Egypte était une évasion du péché. La Mer Rouge apporte la mort aux inconscients, mais ceux qui parviennent de l'autre côté renaissent dans le désert.

 

Noël 1953. De lourdes malles de cabine couvertes d'autocollants – P&O*. Traînées par les porteurs. L'excitation de l'embarquement à Liverpool sur le long-courrier en partance pour l'Inde. Nous passons le golfe de Gascogne, malades comme des chiens dans la tempête qui faisait rage, et tous les ponts étaient condamnés.

Première escale au rocher de Gibraltar, puis la traversée de la Méditerranée, et le ciel est passé au bleu. Port Saïd. Illusionnistes et marabouts charlatans faiseurs de miracles. Précieux cadeaux de chez Simon Artz*. Le canal jusqu'aux Lacs Amers. Sur notre gauche, l'Arabia Felix, pays du Phénix. Les anciens Egyptiens considéraient que l'on ne pouvait pas faire confiance à la mer, demeure du Dieu obscur, Seth – ou Typhon, lieu des tempêtes. Un soir, nous sommes entrés dans la Mer Rouge, par un calme crépuscule empourpré rose et rouge. J'ai pris une boule argentée sur le sapin de Noël, je l'ai attachée à une bobine de fil et je l'ai laissée glisser jusqu'au sillage du bateau où elle scintillait dans les vagues. Voiles rouges dans le crépuscule*.

Ciel rouge au soir tombé, délice du berger. Ciel rouge en matinée, berger alarmé.

Rouge, rouge, rouge. Fille de l'agression, mère de toutes les couleurs. Rouge extrême, couleur des brigades et des drapeaux, rouge en marche, rouge aux frontières et lisières de nos vies. Je m'en suis rendu compte lorsque j'ai perdu mon œil innocent. Le rouge emplissait les intervalles entre les notes de musiques, c'était un hymne qui s'élevait: «En Avant Soldats Chrétiens», et «L'Internationale».

Jusqu'à vingt ans, je n'ai pas peint la ville en rouge*. C'est après que je me suis perdu. Tandis que vous alliez vous coucher, je décollais pour le Red Light District* de Soho. Notre monde étrange et gay était prisonnier des ombres. Rien à voir avec les vitrines d'Amsterdam ou de Hambourg, où les filles s'exhibaient sous les lumières rouges. Matrones Ardentes*! Femmes écarlates*! Dans notre monde, une lumière rouge clignotante nous avertissait des descentes de police. Pris la main rouge* dans le sac, nous attendions des heures avec un numéro sur un ticket comme à une tombola, avant d'être interrogés et libérés. Paperasse et ruban rouge* administratif. De retour à la maison, encore seul. Rouge de colère. Ces nuits-là vous coûtaient cher, votre compte bancaire passait au rouge. J'ai sacrifié du temps et de l'argent à la recherche de ce sexe rouge et fort que la législation avait rendu difficile à trouver. J'ai laissé en plan des livres non lus et des peintures inachevées.

artistes! si vous voulez peindre des harengs rouges* ces couleurs sont les vôtres:

La reine des rouges est le vermillon. Cinabre. Sulfure de mercure. Sanguis draconis (sang de dragon), l'uroboros alchimique, dragon des philosophes. On le trouve à l'état de minéral naturel, mais on le produit aussi artificiellement. Dans l'Antiquité, il était extrait des mines d'Espagne. Il y a de nombreuses recettes médiévales. Le vermillon artificiel est identique au vermillon naturel – mais pas le prix! £10 les 250 grammes pour l'artificiel, contre £250 pour le même poids de vermillon naturel.

«Le vermillon est un rouge qui donne une impression de tranchant, comme de l'acier incandescent que l'on peut refroidir avec de l'eau. Le vermillon est étouffé par le bleu, car il ne supporte aucun mélange avec une couleur froide. La lueur du rouge lui est intrinsèque. C'est pour cette raison que l'on préfère cette couleur au jaune.»

(W. Kandinsky, Du spirituel dans l'art)

L'alizarine purpurine, rouge garance, est une teinture naturelle qui est extraite de la racine de garance, Rubia tinctorum. C'est la «Rubia» des écrivains classiques, le rouge du tapis turc. Une des teintures les plus stables parmi toutes les teintures naturelles. La garance rouge fut rapportée d'Orient par les Croisés jusqu'en Italie et en France, où on la trouve sous le nom de «La Garance». Elle a donné son nom au «garant», puisque son prix était fixé et contrôlé par le gouvernement.

rouge de plomb. L'oxyde rouge de plomb, le minium secondarium classique ou sandaraque. Il a donné son nom à la miniature. C'est la couleur des jours à marquer d'une lettre rouge* dans un manuscrit médiéval. On l'utilise aujourd'hui plutôt comme antirouille que comme pigment pour artiste.

rouge de venise. Oxyde de fer naturel. Utilisé comme fond chaud dans les peintures vénitiennes.

rouge de cadmiumé sulfo-séléniate de cadmium. Une découverte tardive. Le rouge de cadmium fut utilisé comme pigment pour la première fois au début du siècle.

Le rouge est le plus ancien des noms de couleur, il vient du sanscrit rudhira. Le visage du sphinx était peint en rouge.

Ellsworth Kelly*. Peintre du rouge.

L'enfant du feu est l'enfant de la désobéissance. Révolté. L'enfant prométhéen dérobe des allumettes pour éclairer l'obscurité d'une lumière dangereuse. Tandis qu'il met le feu, il est pris de pensées ténébreuses. On ne l'attrapera pas. Le feu se meurt. L'enfant prend conscience au milieu des braises rouges.

Le rouge ne dure qu'un laps de temps. Le bleu est constant. Le rouge est vite éteint. Une explosion d'intensité. Il se consume lui-même. Disparaît comme des étincelles ardentes dans l'ombre qui s'épaissit. Nous réchauffer pendant le long et sombre hiver quand le rouge est parti. Nous accueillons avec plaisir le rouge-gorge et les baies rouges qui entretiennent la vie. S'habiller en rouge-Coca-Cola comme le père Noël, qui apporte les cadeaux. Nous sommes assis autour de la table, et chantons «Rodolphe le Renne au Nez Rouge» et «le Houx et le Lierre». «Le houx a une baie aussi vive que le sang.» Nos visages d'hiver s'imprègnent d'un rouge chaleureux. Nous préservons le rouge comme une flamme. La vie est rouge. Le rouge pour les vivants, mais la baie écarlate de l'if est un poison. Au cimetière, elle tient les diables en échec.

Mémoire rouge. Le premier Adam créé par Dieu avec de la terre rouge était un peau-rouge. Est-ce le sol rouge foncé de la crue du Nil qui a donné son nom à l'Egypte, le pays de Khem? Les Arabes nous ont donné le mot Al-kimiya, d'où vient notre chimie scientifique. Egarés dans le labyrinthe de la science, nous prions pour qu'Ariane nous sauve avec son fil rouge.

On distingue quatre phases en alchimie: melanosis (noircissement), leucosis (blanchiment), xanthosis (jaunissement) et iosis (rougissement).

C'est de ces couleurs qu'est née l'industrie pharmaceutique moderne. Au dix-neuvième siècle les grandes teintureries firent des expériences sur les couleurs naturelles et artificielles. L'invention de la mauvéine, de l'aniline, de la fuchsine, des teintures rouges furent à l'origine de Bayer et de Ciba, et de bien d'autres multinationales. La couleur fut utilisée comme explosif. L'orange impétueux du salpêtre. Non seulement ils ont fabriqué des explosifs, mais ils ont aussi fabriqué des drogues. Les pilules que vous avalez provenaient des teintureries. Dans l'Antiquité, la couleur (chroma) était considérée comme un médicament (pharmakon). Chromothérapie.

Le rouge était peut-être violet dans l'Antiquité, parce que les Grecs avaient une conception de la couleur très différente de la nôtre. Par exemple, ils n'avaient pas de mot pour bleu. Le tapis de Clytemnestre était-il violet ou pourpre? La pourpre impériale était-elle rouge, en fait? Supposons que Clytemnestre ait tissé un tapis pourpre pour Agamemnon – rouge sang, une pointe de bleu dans le sang. Au premier pas qu'il fit sur ce tapis rouge, il commit le péché d'orgueil et fut assassiné. Les tapis rouges poussent au crime. Les révolutions agonisent dans leur propre rouge. A-ton déjà déroulé le tapis rouge pour vous? Avez-vous déjà été reçu en grandes pompes? Avant qu'on ne le retire de sous vos pieds? Le rouge trahit.

Taches de lumière et planètes rouges.

Le rouge est la couleur de Mars. Le dieu sanguinaire part au combat en chevauchant un lion rouge. C'est ce même rouge que saint Georges porte sur sa croix. La croix rouge des Croisés brandissant leurs bannières héraldiques de gueules et de sanguine. De retour au pays, ils cueillirent la rose rouge de Lancaster et combattirent la rose blanche. Russie rouge, Russie blanche? La rouge, victorieuse d'une bataille perdue.

Tudor est bien parti et chaque rose

Sang rouge blanche blême

qui luit au soir tombé

Hurle au sang au sang au sang

Contre la pierre gothique d'Angleterre

(Ezra Pound, Cantos)

Nous portions des manteaux rouges et mourrions dans des couvertures d'hôpital rouges, qui cachaient de terribles blessures. Mais Mars est mis en déroute par cet autre rouge, la Croix rouge. Le Christ rouge du sacrifice. Le fils, qui est le rouge de la Trinité. Le sang de son sacrifice s'embrase en un millier de lumignons rouges dans la pénombre des églises.

Chaque victoire des globules rouges est un pas de plus vers la mort … parce que le virus est rouge. Cette danse de la mort. Croix du fléau rouge. Rouge comme la fièvre scarlatine – la petite vérole. Le rouge a toujours eu à voir avec l'hôpital. Avicenne, médecin du dixième siècle, habillait ses patients de blouses rouges. De la laine rouge nouée autour du cou, protectrice. Qui se ressemble s'assemble. La couleur pouvait soigner. Le rouge agit sur le sang. Avicenne fabriquait des drogues à base de fleurs rouges. Si l'on regarde fixement le rouge, le sang coule. C'est pourquoi il ne faut pas laisser une personne qui saigne du nez regarder du rouge. Celsus pansait les plaies avec des bandages de couleurs vives. À propos des cataplasmes rouges, il écrit: «Il est un pansement d'une couleur presque rouge qui cicatrise très rapidement.» Edouard II fit décorer une pièce entièrement en rouge pour se protéger de la fièvre scarlatine.

Rouge Stop Rouge Stop Rouge Stop Rouge…

Je reviens des hauts-fourneaux du feu de saint Antoine. Un eczéma m'a fait virer au rouge. Violente douleur rouge. Je suis presque violet. Ma peau n'acceptait plus le monde, elle le refusait. J'étais comme un prisonnier en régime d'isolement cellulaire. Pendant deux mois, je ne pouvais plus ni lire ni écrire. J'ai dû interrompre mon travail sur ce livre. L'eczéma rouge se répand sur tout mon visage. «Où êtes-vous parti en vacances?», demandaient les passants. Une brève saison en enfer.

Nature, le rouge contre-nature bec et ongles

Parti pour me détruire.

Au bon vieux temps, on en devenait fou.

J'ai embrassé les lèvres écarlates de la folie

Et l'ai remise sur son chemin.

Les cheveux roux étaient associés au mal. Les hommes roux étaient considérés comme les progénitures du diable. William Rufus, li rei rus, qui fut tué à New Forest le jeudi 2 août 1100, était un roi sacrificateur, dont on se souvient comme d'un tyran si noir, qu'il est représenté en rouge sur les peintures. Incroyablement dépravé. Son rouge, la couleur du sang, le diable lui-même et les flammes de l'enfer. Queer King Rufus*. Le dernier d'une longue lignée de poil-de-carottes sacrificateurs! David, poil-de-carotte authentique, s'étouffe tandis qu'il tape ces lignes à l'ordinateur. C'est la pleine lune à Dungeness ce soir!

Parmi les humeurs médiévales, on décrivait la colère comme rouge, au sang chaud:

… une couleur rougeâtre suggère le sang, mais le rouge furieux, l'ardent, le torride suggère la colère, qui en raison de sa capacité et de son aptitude à se mélanger aux autres, engendre différentes autres couleurs: car s'il est mélangé au sang, et si le sang prédomine, il donne un rouge panaché…

(Cornélius Agrippa, Trois livres de philosophie occulte)

Rouges de colère, ils ont proclamé la révolution. Les bonnets phrygiens rouges lancés très haut. Les foulards écarlates de Garibaldi. Liberté! Egalité! Fraternité! Viva la libertà! Le sang, la guillotine, et de vieilles dames tricotant de la laine écarlate. Rouge social.

Chiffons rouges pour Jean Taureau*.

Liverpool, début des années 1980. Je participe à une manifestation. V. (REDgrave) me dit: «Derek, tu portes un drapeau rouge.» Nous sommes une cinquantaine. Le vaisseau fantôme d'une révolution passée. Nous défilons à travers une ville déserte, abandonnée, dans le bruit du vent qui fouette les banderolles, un galion rosé sur la haute mer de l'espérance. La lumière du soleil nous teint en rouge. Naufragés sur la dernière barrière de corail de l'optimisme. Quelqu'un me dit: «Le rouge du parc est magnifique. La racine du rouge, c'est la vie elle-même.»

Tandis que nous défilons, les gentlemen anglais aux cous rouges*, dans leurs vestes de chasse rouges, suent à grosses gouttes tous les samedis après-midi, à la poursuite du renard roux. Mais nous n'avons d'yeux que pour la tombe de Lénine. Sépulture de la Révolution en granite rouge, aux proportions aussi délicates que celles du Parthénon. Très au-dessus, sur le Kremlin, flotte un grand drapeau rouge – même les jours où il n'y a pas le moindre souffle de vent, parce que le mât du drapeau cache une machine à vent, qui fait en sorte que le drapeau ne cesse de flotter. Quelqu'un d'autre me souffle: «L'armée de Sparte portait des habits de laine rouge et des sandales en cuir rouge. C'est un vieux défilé.»

 

 

les cardinaux rouges trahissent...

Nous sommes venus pour changer

le monde, pas pour nous joindre à lui

Maudire tous ces assimilationnistes,

Brûler les Bleus*, qu'ils fulminent

hors de Grande Bretagne,

Maudire TOUS les gays en chambre,

Etrangler le gouvernement

de ‘ruban rouge',

Maudire TOUTES les reines du théâtre,

Lâcher les diables rouges dans le palais,

Maudire TOUS ceux qui dansent la nuit,

Et ne font que dormir la journée.

Faire virer les banques au rouge.

Proclamer l'enfer sur la Terre!

Lancer des briques rouges

à travers les fenêtres grises.

Incendier les cieux,

Célébrer vos jours à marquer

d'une ‘lettre rouge'…

Les souliers rouges que Judy Garland fait claquer l'un contre l'autre, en faisant son vœu au pays d'Oz, apportent la bonne fortune – parce qu'ils ont transporté sa maison au Kansas. Mais les chaussures rouges du film de Michael Powell* font danser Moira Shearer jusqu'à la mort.

En 77 av. J.-C., à la crémation de Félix, l'aurige Rouge, un de ses supporters s'est jeté sur le bûcher. Les partisans des Blancs affirmèrent «qu'il n'avait plus toute sa tête». Mais vous auriez dû voir Felix!

Le cerveau de Dorian Grey n'était-il pas marqué de l'auréole écarlate de la folie?

Je t'envoie une lettre, cher lecteur, dans une enveloppe italienne rouge que je glisse dans la petite boîte aux lettres rouge au bout du jardin, et je guette le facteur qui vient relever le courrier à quatre heures avec sa camionnette rouge. Les enveloppes professionnelles italiennes sont toujours rouges. Il y est écrit urgent. Nos enveloppes marrons se faufilent sans se faire remarquer.

J'ai écrit ce chapitre en manquant de temps. Si je n'ai fait que survoler quelque chose qui vous tient à cœur – notez-le dans la marge. Je couvre mes livres de notes, car les signets se perdent. J'ai dû écrire rapidement parce que mon œil droit s'est éteint en août «à la vue du psycho-mégalo-virus»… puis la course-poursuite avec l'obscurité a commencé. Et l'obscurité vient toujours après la lumière. J'ai écrit le chapitre rouge sous perfusion à l'hôpital et l'ai dédié aux docteurs et infirmières du Bart's*. J'en ai écrit la plus grande partie à quatre heures du matin, gribouillant d'une manière quasi incompréhensible dans l'obscurité jusqu'à ce que le délice du sommeil s'abatte enfin sur moi. Je sais que mes couleurs ne sont pas les vôtres. Deux couleurs ne sont jamais identiques, même si elles proviennent du même tube de peinture. Le contexte change notre manière de les percevoir. J'ai généralement utilisé un mot pour décrire une couleur, aussi le rouge reste rouge, hormis quelques incursions dans le vermillon et le carmin. Je n'ai pas mis de photos en couleur dans ce livre – ç'aurait été une vaine tentative pour les emprisonner. Comment être certain que la nuance que je veux soit reproduite par l'imprimeur? Je préfère que les couleurs puissent flotter, prendre leur envol dans votre esprit.

Derek.

P.S.: Etre rouge, c'est avoir une couleur, pas un look. Bien sûr, un objet peut paraître rouge pendant un moment, comme le Parthénon, sous les rayons agonisants du soleil.

Dans son Histoire Naturelle, Pline affirme que Luxuria, l'excès, est l'ennemi. Il y eut un temps «avant» – avant que les hommes ne portent des bagues en or, avant qu'ils n'érigent des statues en métal précieux à leur effigie. Un temps où Mère Nature n'était pas dévastée, pillée pour du jaune, du bleu ou du vermillon, bien qu'elle puisse se défendre de l'homme, en l'empoisonnant avec des plantes et des animaux, mais également avec des couleurs. Pline raconte que les peintres portaient des masques en vessie pour se protéger des poussières de vermillon lorsqu'ils peignaient la statue de Jupiter. «Nous devons étudier ce sujet de plus près», disait-il.

Remontons le temps, 400 ans en arrière.

Le traité d'Aristote De la Couleur* est le premier. En 323 av. J.-C., l'année de la mort du bel et doux Alexandre, Aristote enseignait à Athènes. L'année suivante, il mourait à son tour dans sa villa de Chalcis, où il avait fui les troubles politiques, laissant son école à la charge de Théophraste.

Aristote commence son traité ainsi:

«Ces couleurs qui appartiennent aux éléments – le feu, l'air, l'eau et la terre –, sont simples. Car l'eau et l'air sont naturellement blancs par essence, tandis que le feu et le soleil sont dorés. La terre est également blanche de nature, mais semble colorée, car elle est teinte. Tout s'éclaire lorsque l'on considère les cendres, puisqu'elles blanchissent quand le feu les débarrasse de l'humidité qui leur donne leur teinte.»

Les théories d'Aristote allaient prendre au piège l'esprit occidental pendant deux mille ans, jusqu'à ce que la Renaissance ne commence à ouvrir quelques portes. On citait, re-citait et récitait encore et toujours la sagesse aristotélicienne. Personne n'a jamais brûlé la terre pour vérifier si elle était blanche ou ne s'est attardé à dissocier la couleur des éléments. Pour Aristote il était clair que … «l'obscurité se fait quand la lumière vacille». Jusqu'à ce que Léonard ne renverse les choses, et la lumière se fit quand vacilla l'obscurité.

Le noir aristotélicien avait sa propre logique. Aristote s'y consacre au deuxième paragraphe. Le noir ne renvoie aucune lumière à nos yeux. Quand une infime quantité de lumière est réfléchie, tout semble noir. Une lumière faible produit des ombres. D'où l'on apprend que l'obscurité n'est pas une couleur, mais simplement une absence de lumière. Il n'est pas possible de percevoir les formes des objets dans l'obscurité.

Aristote conçoit les couleurs comme un mélange de noir et de lumière:

«Quand ce qui est noir est exposé à la lumière du soleil et du feu, le résultat est toujours rouge.»

À partir de ce genre d'observations, il a conçu une théorie de la couleur selon laquelle le noir est toujours présent en plus ou moins grande quantité.

Il remarquait que l'air prenait une teinte pourpre au lever et au coucher du soleil:

«La couleur lie-de-vin apparaît quand les rayons du soleil se mélangent à ce qui est de noir pur, comme les raisins sur la grappe… et l'on dit de leur couleur qu'elle est “lie-de-vin” au moment de la maturation, parce que lorsque les grains noircissent, de rouge ils passent au pourpre. Suivant la méthode que nous avons établie, nous devons nous interroger sur toutes les variations de la couleur.»

Il estime que nous devrions fonder nos recherches, non pas en mélangeant les couleurs comme le font les peintres, mais en comparant les rayons qui sont réfléchis.

Un orage éclate, descendant de la montagne. Pline le Jeune, flânant dans son jardin au parfum de buis, est interrompu par les premières grosses gouttes de pluie, tandis qu'il parle de planter une orchidée avec son vieux jardinier. Il rentre précipitamment, traversant la cour de marbre, évitant l'eau de la fontaine qui gicle sur les mosaïques, passant les portes à battants de sa chambre. Là, sur sa couche, dans la lumière tachetée de vert de l'énorme vigne grimpante qui parvient jusqu'au haut du toit, il prend De la Couleur d'Aristote. Dans cette chambre, dit-il, «vous pouvez imaginer que vous êtes dans un bois à l'abri de la pluie». Alors que l'orage s'intensifie, Pline aurait été d'accord avec Aristote pour dire que l'obscurité qui enveloppait sa chambre n'était pas une couleur, mais une absence de lumière. Et s'il avait éprouvé un froid soudain, et ordonné à son esclave de rallumer le feu, il aurait pu voir, avec Aristote, que le bois virait au rouge, puis au noir lorsqu'il se consumait. Si Pline s'était avancé jusqu'à sa fenêtre et s'il avait cueilli une grappe de raisin lie-de-vin, il aurait su que la couleur lie-de-vin est mélangée au noir pur. Aristote suggère que pour trouver des arguments à sa théorie sur les rayons qui se mélangent dans la nature, nous avons besoin de preuves convaincantes et nous devons considérer les cas similaires, si l'origine des couleurs se doit d'être mise en évidence:

«Toute couleur est un mélange de ces trois éléments, la lumière, le médium à travers lequel on voit la lumière, comme l'eau et l'air, et les couleurs qui constituent le support sur lequel il se trouve que la lumière se réfléchit.»

Certaines couleurs sont sombres et d'autres vives. Les couleurs vives sont le cinabre, le vermillon, l'arménium (bleu foncé), la malachite (vert vif), l'indigo, et le pourpre de Tyr brillant. Les couleurs sombres sont le synopse (rouge brun), la paraetonium (blanc de craie) et l'orpiment (jaune vif). Le noir est produit en brûlant de la résine ou de l'asphalte.

De la Couleur ne traite que de la nature. L'art de la peinture n'y est même pas mentionné, et il y est fait peu de cas des origines des teintures… bien qu'Aristote mentionne le murex, à partir duquel était fabriqué la pourpre impériale. Il observe les fleurs, les fruits, les racines de plantes et les changements de couleurs des saisons. Les feuilles vertes passant au jaune. Les plantes sont pénétrées d'une humidité qui rince leur couleur. Le tout est fixé par la chaleur et la lumière solaire, tout comme dans la teinture. Toutes les plantes qui poussent deviennent finalement jaunes:

«Alors que le noir perd de sa force, la couleur passe progressivement au vert et devient enfin jaune… d'autres plantes deviennent rouges lorsqu'elles mûrissent.»

Aristote prend le poireau comme exemple de légume vert, blanchi du fait de l'absence de soleil, pour confirmer sa théorie selon laquelle ce sont les rayons du soleil qui créent la couleur. Son traité De la Couleur est court, et Pline le termine avant que l'orage ne s'achève dans un éclair de lumière, un coup de tonnerre et un silence soudain, rompu par le rire de ses jeunes esclaves. Son jardin garni de mûres, de figues, de roses et de buis taillés en forme de pyramides topiaires à l'ombre des cyprès, a été rafraîchi par l'averse soudaine. Une brise s'est levée.

Pline le Jeune écrit une lettre à Baebius Macer («Baby»):

«Je suis heureux d'apprendre que l'étude approfondie des livres de mon oncle a suscité en toi le désir de les posséder tous. L'Histoire Naturelle est pleine de ressources variées au même titre que la nature elle-même.»

Son oncle, disait-il, avait besoin de peu de repos, et consacrait chacun de ses instants à l'écriture, lorsqu'il n'était pas occupé au tribunal. Il était toujours debout avant l'aube pour se rendre chez l'empereur Vespasien. Il emportait des cahiers de notes lors de ses voyages. Il lisait même des livres dans son bain. Ce n'est pas surprenant qu'un homme si occupé s'assoupisse si souvent. Les tomes trente-trois à trente-cinq de son Histoire Naturelle sont consacrés aux arts de la sculpture et de la peinture. Pour Pline l'Ancien, le but de l'art est de confondre la nature, et ses plus grands éloges vont à ceux qui y sont le mieux parvenus: Zeuxis trompant les oiseaux avec des cerises peintes; Apelle, peignant un cheval qui faisait hennir les vrais chevaux; Parrhasios, dessinant un rideau qui a trompé Apelle, lorsqu'il lui a demandé de le tirer pour découvrir la peinture qui aurait dû se trouver derrière. L'art atteint la perfection lorsqu'il reflète la nature. Le juge, c'est la nature elle-même.

Mais je m'égare du puits de la couleur, sujet de ce livre. À ce propos, Pline est aussi éloquent que la plupart des écrivains anciens. La raison n'en est pas seulement son insatiable curiosité, mais elle tient aussi à sa propre implication, préjugés compris, dans ce qu'il écrit. La plupart des livres plus récents sur la couleur n'ont pas suivi ce principe et sont par conséquent sans odeur ni couleur. Pline affirme qu'«au bon vieux temps, la peinture était un art». La peinture à Rome avait dégénéré en spectacle. Néron fit faire un portrait à son effigie de la taille de la moitié d'un terrain de football, et avait enfermé un art qui aurait toujours dû rester public dans la prison gigantesque de sa Maison Dorée. Tout était de travers, du seul fait des trop grandes richesses. Si les empereurs étaient débauchés, les magnats étaient pire encore. Auguste avait fait habiller de marbre les monuments commémoratifs, ce qui suscita une convoitise insatiable pour cette roche. La nature a été violée. Les mines ont détruit et défiguré la déesse vivante, les montagnes ont été rasées, les rivières détournées dans la course aux métaux et aux pierres précieuses. Notre époque est contrariée. Rendez-vous compte: Drusillianus Rotundus, esclave de l'empereur Claude, fit forger un plateau en argent massif qui pesait 500 livres et huit plateaux plus petits, pesant chacun 250 livres. Combien faut-il d'hommes pour les soulever, et qui peut les utiliser? Le luxe des maisons privées égale celui des temples. De coûteuses colonnes de marbre africain sont traînées dans les rues pour construire une salle à manger – contraste hideux avec la terre cuite des anciens tombeaux. Le poids de ces colonnes a détruit les canalisations des égouts.

Pline nous raconte que l'utilisation de l'argent pour les statues de son regretté Auguste était due à la flagornerie de cette époque… Mais si vous pouviez voir aujourd'hui l'étalage de luxe «des salles de bains pour femmes, au sol recouvert d'argent, si bien que l'on ne sait plus où poser les pieds. Et les femmes se baignant avec les hommes !», il y aurait de quoi vous couper le souffle. Les pigments jaunes, ocres et bleus sont extraits des mines d'argent. L'un des meilleurs s'appelle «boue Attique», et coûte deux deniers la livre. L'ocre foncée de Skyros est utilisée pour les ombres en peinture. Les Grecs utilisaient l'ocre jaune prioritairement pour les rehauts. Le pigment bleu est un sable. À cette époque, il en existait trois variétés: l'égyptien, le plus renommé, le scythe et le cyprien. Auxquels se sont ajoutés le bleu de Pozzuoli et le bleu d'Espagne. On se sert de ces derniers pour les enduits bleus, et on l'utilise aussi pour les châssis des fenêtres, parce qu'il ne s'altère pas aux rayons du soleil.

Le bleu indien, l'indigo, est employé en médecine ainsi que l'ocre jaune, qui était utilisée comme astringent.

Le vert-de-gris peut s'utiliser comme baume oculaire. Il fait pleurer, mais il faut absolument rincer les yeux avec des tampons d'ouate. On peut le trouver sous le nom de baume de Hiérax. Pline fait ensuite la liste des prescriptions médicales des autres oxydes de métal. Le plomb, par exemple, est appliqué sur les parties, parce qu'il est froid de nature, pour atténuer les assauts de passion vénérienne et les rêves libidineux. L'une des utilisations les plus inhabituelles du plomb consistait en une plaque que Néron faisait pendre sur sa poitrine lorsqu'il chantait des chansons fortissimo, pour préserver sa voix.

Cet empereur, haut en couleurs, passionné de théâtre, avait incendié Rome comme spectacle d'un soir et avait la délicieuse manie de crucifier des gens dans ses jardins, mais ce n'était pas le préféré de Pline. La phrase: «Celui que les Cieux se plurent à consacrer empereur», n'est pas dénuée d'une certaine ironie. D'autres empereurs avaient plus de considération pour le peuple et firent réaliser des fresques pour décorer la cité.

Aujourd'hui, nous disposons de nombreuses couleurs, mais les grands peintres grecs n'en utilisaient que quatre. Tout était plus grandiose lorsqu'il y avait peu de ressources. De nos jours, les gens recherchent plus la valeur des matériaux que le génie des artistes. Ce qu'ils apprécient désormais, ce sont les portraits réalistes de gladiateurs. Tout n'est plus que l'ombre d'un âge d'or révolu. Les couleurs s'estomperont au crépuscule de l'histoire.