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jan
Bonjour
En février, commence un ‘cycle’ court consacré à la Sardaigne avec un premier livre, La danse de l’argia, dont la traduction française, parue en 1988 aux éditions Verdier, reparaît aujourd’hui dans la collection L’éclat/poche, augmentée d’une postface de Giordana Charuty et de quelques photographies.
Publié une première fois en italien en 1967, le livre de Clara Gallini fut entièrement reconstruit par l’auteure à l’occasion de cette traduction française que nous avions sollicitée. Livre oublié, jugé trop académique peut-être par Clara Gallini elle-même, le travail de relecture lui a révélé toute la force et l’originalité de cette argia sarde, petite fourmi dont la morsure provoque chez l’homme mordu, un changement de genre qui le fait devenir, selon l’identité de l’argia, petite fille qu’il faut bercer, jeune fille amoureuse qu’il faut caresser, fiancée ou mariée qu’il faut aimer, veuve qu’il faut pleurer etc., et le rituel qui s’accomplit pour ‘libérer’ le possédé de l’argia maligne n’est autre qu’un jeu de travestissement, accompagné de danses et de chants à connotation fortement sexuelle, auquel participe toute la communauté solidaire avec son membre malade.
Clara Gallini écrit : « Une fois plongée tête baissée dans l’entreprise, ce fut une extraordinaire et étonnante surprise : l’argia ne m’adressait plus un message de mort, mais de vie. Pour cela, Dame Argia merci ! Car c’est elle, la Dame Argia, la Commère invitant à la danse par la force impétueuse de son appel, qui est vivante malgré toutes les tentatives de momification dont elle a pu faire l’objet. C’est la variété de ses rites, la richesse de ses chants, la santé substantielle de ses épiphanies qui constituent le patrimoine des manières de faire et de dire. »
La danse de l’argia révèle ainsi la richesse poétique et créative d’une communauté prise entre une société archaïque et sa volonté d’émancipation et donne une image de la Sardaigne bien plus riche que celle d’une terre livrée au tourisme de masse, bien plus nocif que les fourmis mordeuses.
Des extraits des musiques liées à l’argia peuvent s’écouter ici.
Une rencontre avec Giordana Charuty, animée par Dominique Blanc aura lieu à la librairie Ombres Blanches à Toulouse, le lundi 12 février à 17h30.
- Les deux ‘livres de la Jungle’ parus à l’automne, Mexique : calendrier de la résistance, du sous-commandant Marcos et La Commune d’Oaxaca de Georges Lapierre, ont fait l’objet d’un article de Pierre Tenne sur le site En attendant Nadeau.
- Le Cahier Jules Lequier n° 10, publié par l’Association des amis de Jules Lequier, vient de paraître. Il est consacré à un long texte d’Augusto Del Noce, Lequier et le moment tragique de la philosophie française, traduit par Christophe Carraud. Occasion de vous rappeler les parutions à l’éclat de Comment trouver, comment chercher une première vérité ? de Lequier lui-même et de Jules Lequier et le moment tragique de la liberté de Xavier Tilliette, sur lequel Del Noce revient souvent.
Le programme de rentrée des Éditions de l’éclat est désormais disponible sur la page des nouveautés à paraître.
Pour mémoire, tous les titres du premier semestre (et quelques autres) sont rassemblés ici.
Merci de votre fidélité et n’hésitez pas à faire suivre cette lettre d’informations.
L’éclat