14
mai
Bonjour,
« Parfois Dieu se lasse de sa forme de lumière et de silence. L’éternité lui donne la nausée, son manteau tombe. Nous voyons une ombre prendre forme parmi les étoiles, la nuit vient. Dans la maison de Newton à Londres, on se prépare sans le savoir à cette visite étrange. Tard le soir, une voiture arrive en glissant dans la pluie le long de la rue où habite Newton. Elle franchit le porche de la maison de Newton et vire dans la cour obscure. Le feuillage des chênes tombe sans cesse. »
Le 5 mai, a paru dans la collection des « éclats », un petit livre de Stig Dagerman, son dernier écrit, dans une nouvelle traduction d’Olivier Gouchet et postfacé par Claude Le Manchec, qui ont tous deux préparé l’édition de la correspondance de Dagerman qui vient de paraître chez Actes Sud. On ne peut que se réjouir de lire aujourd’hui de nouveaux écrits de Dagerman. Surréaliste et burlesque, Mille ans avec Dieu rapporte la visite que Dieu fit à Newton dans sa maison de Londres en 1727. Visite qui bouleversera les découvertes du grand savant et effacera, le temps d’une nuit infinie, cette loi de la gravité qui pèse sur les hommes. Cette ‘gravité’ à laquelle échappera aussi Dagerman en mettant fin à ses jours en 1954, à l’âge de 31 ans.
C’est le dernier titre du semestre, riche en découvertes en tous genres, depuis les triptyques consacrés à Gustav Fechner et à Costantino Nivola, ou les livres de Clara Gallini et d’Ursula K. Le Guin, qui, l’une comme l’autre et pourtant différemment, s’interrogent sur les rites qui font notre monde.
Le «Grand Fechner » (Freud), comme le « géant vu de loin » (Steinberg) Costantino Nivola, cachent dans leurs œuvres bien des trésors que n’ont pas manqué de découvrir quelques libraires fidèles, dont nous saluons la curiosité. Il y est question d’anges, de plantes et de fantômes chez Fechner, dans un tourbillon de pensée et d’humour qui donne le vertige. Quant à Nivola, si le nom de Le Corbusier, qui fut son ami, le rattache presque automatiquement à l’architecture, c’est aussi d’un monde disparu (la Sardaigne du premier 20e siècle), d’exil, de grandes amitiés et d’une idée bien particulière de l’art qu’il est question dans ces trois livres, les premiers en français sur ce rare ‘artiste, maçon, manœuvre’ tel qu’il se définissait lui-même. Nous avions déjà signalé quelques recensions de ces livres, mais les redonnons ici.
- Costantino Nivola a fait l’objet d’une émission d’Eric Dotter, dans Homo Urbanicus, sur Radio Aligre.
- La librairie La Friche (Paris 11e) lui a consacré une belle vitrine.
- La librairie Ombres blanches a parlé de l’Anatomie comparée des Anges de Gustav Fechner, tandis qu’Arnaud Gonzague évoque Nanna ou la vie psychique des plantes dans l’Obs.
- Le livre de Clara Gallini sur le rituel de possession de Sardaigne, La danse de l’argia a fait l’objet de plusieurs comptes rendus. Agnès Giard lui a consacré une chronique dans les 400culs (Libération), Céline du Chéné l’évoque dans son « Almanach de l’étrange » dans Mauvais genre (France Culture), Jérôme Delclos en parle dans Le Matricule des Anges, tandis que Pierre Tenne décrypte le « Pouvoir de la fourmi » dans En attendant Nadeau cette semaine, avec, en prime, une sculpture en bronze de Costantino Nivola représentant l’Argia veuve.
Nous signalons par ailleurs la parution en ligne, dans la revue Esprit, d’une courte correspondance entre Michel Valensi et Avi Kadosh, du kibboutz Nir-Am, à 1 km de Gaza, échangée entre décembre 2023 et janvier 2024. La revue publie aujourd’hui ces « Trois fois deux lettres après le 7 octobre », bien consciente, avec nous, que ces mots écrits au jour le jour ne diront qu’une part infime du drame qui s’est vécu et se vit dans cette partie du monde, mais qu’il n’était pas inutile qu’ils soient lus et partagés.
Les livres du prochain semestre seront annoncés bientôt sur la page de Nouveautés. Mais c’est encore un peu tôt …. On y retrouvera en tout cas deux grandes philosophes du 20e siècle : Simone Weil et María Zambrano, aux côtés – nous l’espérons – du saint poète Jean de la Croix, et d’autres choses encore…
Merci de votre fidélité et n’hésitez pas à faire suivre cette lettre.
Elle reste, plus que jamais, la meilleure source d’information sur nos parutions.
Si vous la trouvez dans vos spams, n’oubliez pas d’inscrire l’adresse d’envoi (infos@lyber-eclat.net) dans votre carnet d’adresses.
L’éclat