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1. Rien n'arrive sans bruit.
Le 3 avril 1999, sur certaines mailing-lists et newsgroups de la hiérarchie .it, sont apparus deux communiqués signés par l'Association des Astronautes Autonomes, dont les en-têtes étaient respectivement «Essais techniques d'Apocalypse» (texte ci-après) et «Les mensonges de la NASA».
Ce dernier était la traduction d'un communiqué de presse de la Cassini Redirect Coalition, un réseau informel qui essaie de sensibiliser l'opinion publique sur les risques liés à la sonde spatiale Cassini, qui se redirigeait vers la Terre pour une «relance orbitale» en direction de Saturne, avec 33 kg de Plutonium 238 à l'intérieur.
L'emploi sans distinction du nucléaire dans l'Espace externe est un thème que les «journalistes» et autres «experts» se gardent bien de traiter, se consacrant plus volontiers à s'amuser avec des astronautes à la retraite et des resucées d'information de troisième main, mais qui, de l'autre côté de l'océan, et pas seulement, commence à susciter une certaine inquiétude dans les mouvements écologistes et chez certains dissidents même si on peut les compter sur les doigts de la main de la communauté scientifique.
Dans le contexte du sempiternel cancan médiatique sur les très riches heures de l'aventure spatiale, le cas de la sonde Cassini semblait un arrière plan idéal pour une tentative de contre-désinformation, sur laquelle greffer des critiques radicales ambiguës, des acrobaties linguistiques «postmodernes» et quelques provocations amusantes.
En effet, depuis sa fondation le réseau transnational de l'AAA a émis une série de critiques fondamentales sur la gestion de l'exploration spatiale: la plus importante est le fait que la perception d'«espace» socialement imposée peut être activement et agressivement défiée. Les astronautes autonomes expérimentent consciemment la manière dont, à l'intérieur de cette société, qui ne connaît plus de métaphores, ce qui est simulé tend à devenir réel. À un certain niveau de discours, nous pouvons même affirmer sans trop de remords que l'AAA est en train de réaliser et de supprimer simultanément la science-fiction traditionnelle. Dans la performance globale de l'AAA, l'espace psychogéographique se transforme en propulseur pour la construction d'événements non identifiables.
Il y a aussi un fait qui continuait de ronronner dans notre tête depuis quelque temps: aux Etats Unis, à l'époque de la dite «Guerre des étoiles» reaganienne, la dure polémique entre ses partisans et ses opposants n'avait jamais été mise à l'épreuve des faits. Une fois la Guerre Froide terminée, on a appris que la plus grande partie des faits n'était que de pures hypothèses, une trouvaille pour épouvanter l'ennemi. Mais cela a effectivement fonctionné avec la presse, les journalistes et les commentateurs américains. En somme un très bel exemple de désinformation organisée depuis les bureaux des services s'occupant de la «guerre psychologique».
Et alors pourquoi ne pas sortir un texte hypothétique, bien au-dessus des lignes, élaboré à coups d'hyperboles, de plagiat et de cut-up, et shakerisée avec un certain souffle apocalyptico-prophétique qui ne gâte pas les choses par les temps qui courent, dans lequel Nostradamus se promènerait bras dessus bras dessous avec les UFO et le troisième secret de Fatima avec les bombardiers Stealth? Un événement virtuel, construit tout exprès pour enflammer des kilomètres de fils de discussions et élever le niveau de bruit dans les canaux de la communication, une expérience d'observation participante visant à provoquer des fissures dans le mur de l'assentiment. Une Attaque Psychique.
2. Obi-Wan et Nostradamus dans le cyberespace (à l'enterrement d'Anatole France)
Le 7 avril, au cours de l'émission radio Golem, Gianluca Nicoletti rapportant certains extraits du communiqué, définit l'AAA comme un projet «entre l'avant-garde artistique, la pensée antagoniste et la provocation intellectuelle» (!!!) et interviewe un expert de la NASA qui en substance ne nie pas la marge de risque de retour de la sonde Cassini. Le lendemain à la rubrique du courrier électronique de Golem se manifestent les premiers signes d'un petit court-circuit médiatique.
Subject : Sonde spatiale tombera-t-elle le 18 août? Nostradamus l'avait prédit.
Date: Thu, 8 Apr 1999 23:19:41 +0200
To: golem@rai.it
Cher Nicoletti,
Je suis avec beaucoup d'intérêt, quand cela m'est possible, votre émission.
Le 7 avril, j'ai allumé la radio presque à la fin de l'émission et j'ai entendu que vous discutiez (avec un «envoyé» à Cap Canaveral) du retour sur Terre d'une sonde spatiale, contenant un isotope de plutonium très radioactif, prévu pour le 18 août prochain.
J'ai été prise d'un frisson qui a glissé le long du dos parce que je me suis souvenue alors d'un article sur Nostradamus, publié sur les pages culturelles du Corriere della Sera il y a dix jours. Dans l'article, il était fait mention de certains quatrains concernant des événements futurs; l'un d'eux faisait allusion au 18 août 1999 et parlait (je ne me souviens plus des termes exacts) de feu et de terreur venus du ciel. J'avais été impressionnée parce que, angoissée par les nouvelles de la guerre, je l'avais mis en relation avec de possibles catastrophes liées à la guerre des étoiles. Dans le commentaire de ce quatrain, il n'était question ni de la guerre ni du retour de la sonde spatiale, mais plutôt de possibles mais non moins étranges alignements de planètes.
Je m'excuse d'être aussi imprécise sur les références, mais je n'ai pas retrouvé ce numéro du Corriere et je suis en tout cas très intéressée d'en savoir plus à ce sujet. Je vous remercie de votre attention. Bien affectueusement
Le spectre de l'Apocalypse Céleste tournoie dans le cyberespace, comme dans un scénario
Dans les périphéries du vide numérique se répandent des polémiques enflammées entre des adeptes intransigeants de l'ordre scientifique constitué et des fragiles démolisseurs de certitudes. De nombreux netoyens nous écrivent en privé pour en savoir plus. Confrontés à une situation paradoxale (un double lien schizophrènogène?), de nombreux utilisateurs se sont trouvés déboussolés par un message angoissant diffusé par une improbable association d'astronautes hyperpolitisés. Il n'y a pas de quoi s'étonner, bien sûr, à une époque où la chute tendancielle de l'esprit critique va de pair avec celle des défenses immunitaires, dans une prolifération de piètres informations à la Min. Cul. Pop.*, de fausses découvertes toujours plus spectaculaires, de déclarations du genre Bell Curve*, et autres technologies de l'inutile
Le choix de newsgroups déterminés s'est révélé être une démarche apparemment risquée (le stigmate du spammer ne plaît pas à tout le monde!) mais utile pour confirmer certaines de nos hypothèses. De nombreux astronautes autonomes, en effet, sont des fans passionnés de science-fiction télévisuelle, avec une particulière prédilection pour la SF de série B des années cinquante-soixante et pour la saga faut-il le préciser de la Guerre des Etoiles, mais nourrissent en même temps un soupçon salutaire à l'égard des légions de fanatiques ignards monomaniaques que ces spectacles ont engendrés. D'où l'idée de poster sur les groupes de la hiérarchie it.fan et de voir ce qui serait arrivé. Il est vraiment plaisant et instructif de voir l'AAA attaquée par des gens qui signent: «Chef de la sécurité de TIS1» et qui vivent dans une univers de Tamariens, Chupacabras et héritiers de l'Empire !
En marge de cela, il faut noter comment une banale provocation «empruntée» à Jello Biafra («nous sommes finalement contents que le Shuttle ait explosé») ait déchaîné toutes les belles âmes du réseau: ces messages en réponse sont tous de la même veine: insultes
Avions-nous mis le doigt là où ça fait mal?
Ces réactions d'agressivité inhabituelle sont une excellente démonstration de la manière dont l'ordre symbolique du spectacle spatial s'est inscrit pleinement dans le cerveau social: le flic cosmique est une réalité, tandis que l'utopie spatiale célèbre le triomphe de l'inutilité.
Comme le note le Critical Art Ensemble dans La Résistance électronique (l'éclat, 1998, p. 188): «Sous le signe de la technologie, Apocalypse et Utopie ont implosé avec une force telle qu'elles sont quasiment inséparables. La machine-média du complexe industriel entretient un spectacle utopique qui renforce la population dans sa quête du cyborg.»
Quand l'élan propulsif de l'utopie permettant la circulation de la marchandise commence à faiblir, et que le mécanisme risque de s'enrayer, une catastrophe exceptionnelle la pénètre aussitôt, un état d'urgence, une apocalypse partielle qui annonce l'instauration d'un nouveau et supérieur plan de domination. Les trois cycles principaux de la course de l'Espace présentent de très nombreuses affinités avec cette dynamique: depuis la phase héroïque à l'utopie lunaire jusqu'à l'apocalypse d'Apollo 13; fin d'un cycle, et ça recommence: phase de reconversion civile, utopie belliciste de la Guerre des étoiles, apocalypse de Challenger; et encore: nouvelle phase d'implémentation biotechnologique, utopie de la terraformation martienne, jusqu'à quelle nouvelle apocalypse?
Mais si l'épopée spatiale est un spectacle de couverture, qui en a assuré la mise en scène?
Bifo semble donner une première réponse, en dessinant le scénario macabre d'une évasion des ultra-corps: «Cinq ou dix pour cent de la race humaine fait partie de la classe virtuelle, enfermée dans le système info-économique caorbint (CApsules ORBitales INTerconnectées), et là dessous, sur la planète territoriale, la guerre civile planétaire devient le moteur principal de l'économie matérielle.»
Les astronautes autonomes jouent aux rebelles dans le ciel de l'Empire, mais c'est au fond une chose sérieuse. Tous comptes faits, il s'agit toujours de se soustraire aux rayons attirants de la Mort Noire. Et de relancer.
Au ciel, comme sur la terre.
*
Répétitions techniques d'Apocalypse
texte posté sur les mailing-lists
«Le cinquième ange sonna de la trompette et vit un astre tomber du ciel sur la terre. Il lui fut donné la clé du puits de l'Abîme; il ouvrit le puits de l'Abîme et du puits s'éleva comme la fumée d'une grande fournaise, qui assombrit le ciel et l'atmosphère.» Apocalypse de Jean 9:1-2
«Un jour tombera du ciel une urne pleine de cendres, qui brûlera la terre et fera bouillir les océans.» Prophétie hopie.
Le 18 août 1999, la sonde spatiale américaine «Cassini» pénétrera dans l'orbite terrestre à la vitesse de 46000 miles/heure, pour effectuer une relance orbitale et repartir vers la voûte de Saturne.
Nous pouvons désormais considérer ce fait comme une répétition technique d'Apocalypse.
En effet, au cas où la moindre erreur viendrait à se produire dans la phase de retour, Cassini se désintégrerait dans l'atmosphère, lâchant dans l'air les 33 kilos de plutonium 238 qu'elle contient.
Ce serait le dixième et le plus grave accident nucléaire constaté depuis 1963, quand dans un cas très semblable , la sonde SNAP 9A retomba dans l'atmosphère avec un kilo de plutonium à bord.
Depuis un an et demi, sans que les médias ne transmettent, ne serait-ce que partiellement, l'information auprès du public, un groupe non organisé de scientifiques, de chercheurs, de médecins, d'ingénieurs et d'activistes sociaux de différentes provenances lance un appel pressant à toutes les institutions mondiales afin de contraindre la Nasa d'annuler le retour en orbite de la sonde. La Nasa, quant à elle, a déjà délibérément ignoré plusieurs mois avant le lancement une expertise technique négative de la National Academy of Science. Pour mémoire, rappelons que la National Academy of Science n'est pas un groupuscule de dissidents radicaux, mais la plus importante structure de recherche du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique.
Selon l'avis de la Cassini Redirect Coalition, que l'on peut retrouver en plus de très nombreux autres documents sur le site <www.nonviolence.org>, un accident de ce genre pourrait provoquer quasiment un million de morts dans les dix prochaines années. En d'autres termes: un Chernobyl céleste aux conséquences imprévisibles.
Quoi qu'il arrive, le cas de la sonde Cassini a une valeur paradigmatique, qui nous permet de remonter, pars pro toto, à certaines dynamiques plus générales en acte sur (et désormais en dehors de) notre planète.
Au-dessus de nos têtes, caché par les entreprises astronautiques et technologiques, on est en train d'achever le blindage et la rationalisation de l'espace externe commencés en 1957, et prêts à fonctionner pleinement à partir de 2001, sur la base d'une stratégie circonspecte de prophétie s'auto-accomplissant (self-fulfilling prophecy).
Òe spectacle offert le lendemain de la mise en orbite de John Glenn, alors âgé de soixante-dix sept ans, a marqué la sécularisation d'une main mise capitaliste exercée dans l'espace colonisé de la stratosphère.
Comme l'écrit le Critical Art Ensemble dans la Résistance électronique: «Sous le signe de la technologie, Apocalypse et Utopie ont implosé avec une force telle qu'elles sont quasiment inséparables. La machine-média du complexe industriel entretient un spectacle utopique qui renforce la population dans sa quête du cyborg.»
Les suggestions mythico-politiques du Capital servent de cheval de Troie pour inoculer, à une échelle planétaire, de nouveaux produits technologiques et pharmaceutiques destinés à envahir le corps (physique et social), et à travers lesquels la reproduction simulacre de tout le système est garantie.
Quand l'élan propulsif de l'utopie permettant la circulation de la marchandise commence à faiblir, et que le mécanisme risque de s'enrayer, il est pénétré simultanément par une catastrophe exceptionnelle, un état d'urgence, une apocalypse partielle qui annonce l'instauration d'un nouveau mécanisme plus efficace de domination.
Les trois cycles principaux de la course de l'espace présentent de nombreuses affinités avec cette dynamique: de la phase héroïque à l'utopie lunaire, jusqu'à l'apocalypse d'Apollo XIII; fin d'un cycle et on recommence! Phase de reconversion civile, utopÉe belliciste des guerres des étoiles, apocalypse de Challenger; et ça repart: nouvelle phase d'implémentation biotechnologique, utopie de terraformation martienne, jusqu'à quelle nouvelle apocalypse?
C'est le vieux principe de la carotte et du bâton, de «l'abêtissement et de l'intimidation spatiales».
Ceux qui ont vu Armageddon comprendront mieux de quoi nous parlons.
Dans le chur admiratif et unanime qui glorifie la geste magnifique de l'entreprise spatiale renaissante, il semble qu'il y ait bien peu de voix dissonantes. Il n'y a pas de quoi s'en étonner, bien sûr, à une époque où la chute tendancielle de l'esprit critique va de pair avec celle des défenses immunitaires, tandis que les soi-disants «opérateurs de l'information» ont depuis longtemps renoncé à la moindre hypothèse investigative autonome.
Dans cette prolifération de piètres informations à la Min.Cul.Pop., de fausses découvertes toujours plus spectaculaires, de déclarations du genre Bell Curve, et autres technologies de l'inutile, la «science» qui prétendait naïvement être neutre et «au service de l'humanité» s'est révélé pour ce qu'elle est: idéologie pure.
L'impossibilité de la recherche et de l'application scientifique a relégué la connaissance, concentrée spectaculairement, dans les mains des monopoles des multinationales, et l'a renvoyée vers des objectifs particuliers de l'économie, de l'appareil militaire, et de l'hyperpolitique postmoderne. En d'autres termes de l'Empire.
L'autorité de la source constitue un problème particulier. C'est ce qui s'est passé à propos des armements, aux États-Unis, à l'époque de la «Guerre des étoiles», cet ensemble des très coûteuses innovations militaires et technologiques qui aurait dû constituer une coupole impénétrable de défense. La polémique très dure entre des partisans antagonistes n'a jamais été mise à l'épreuve des faits. Une fois la guerre froide finie, on a appris qu'une grande partie des faits n'était que de pures hypothèses, une simple trouvaille pour effrayer l'ennemi. Mais cela a également marché avec la presse, avec ses reporters et ses commentateurs américains.
Si même un néo-conservateur comme Furio Colombo en arrive à mettre en garde contre la désinformation organisée, il est clair que la situation nous a échappé de manière définitive.
La publicité, on le sait, cache plus qu'elle ne promet.
Si nous lisons l'épopée spatiale comme un texte littéraire-cinématographique, on y retrouve trop facilement la construction d'une motivation simulée, un mécanisme narratif bien connu des lecteurs de romans policiers: des accessoires et des épisodes sont continuellement introduits pour détourner l'attention de la situation réelle.
La tromperie n'est découverte qu'à la fin, quand tous ces éléments apparaissent pour ce qu'ils sont: des dépistages disséminés dans le seul but de préparer un développement inattendu.
La rhétorique universaliste du «grand bond pour l'humanité», n'est pas autre chose que de la black propagande en acte, une couverture de haut niveau qui, sous le prétexte de l'objectivité scientifique, occulte les rapports sociaux concrets reproduits par des programmes spatiaux substantiellement inutiles.
Il serait urgent de mener une vaste opération de démystification, sur ce plan.
Mais les journalistes et les «spécialistes» sont trop occupés à s'amuser avec des astronautes à la retraite et des resucées d'information de troisième main, pour enquêter sur cette question.
Et pourtant il ne faut pas grand-chose pour découvrir l'étroite convergence de temps en acte entre des agences d'Etat euro-américaines et les industrie aérospatiales: La General Electric et la Lockheed Martin, les laboratoires de recherche nucléaire impliqués dans la construction des systèmes spatiaux, le Département américain de l'Energie, les industries guerrières à la solde de la NASA, font des pieds et des mains pour une nucléarisation de l'espace. Même la stratégie du Pentagone est très claire sur ces points: comme on peut le lire dans un rapport de l'US Air force prophétiquement intitulé «visions pour 2020», l'objectif premier est de «maîtriser la dimension spatiale des opérations militaires pour protéger les intérêts américains». Mais ce n'est pas tout: de puissantes associations d'obédience maçonnique comme la National Space Society et la Lunar Reclamation Society développent depuis plusieurs années une intense activité de lobbying pour la révision du traité sur l'espace externe en vigueur depuis 1967, dans le but de promouvoir l'exploitation commerciale et propriétaire du territoire extra-planétaire, en encourageant le développement des entreprises privés des nouvelles technologies aérospatiales sur la base de la logique du «premier arrivé, premier servi».
D'ailleurs l'histoire se répète: déjà en 1974, quand l'assemblée générale de l'ONU fut invitée à se prononcer sur une réglementation des satellites pour l'étude de la Terre, les États-Unis, en invoquant le principe de la libre circulation des informations, réussirent à imposer dans la pratique leur position de monopole: acquisition des donnés terrestres sans aucune autorisation, diffusion aconsensuelle, contrôle de la Terre par l'espace.
Cela devrait faire réfléchir ceux qui aujourd'hui sont préoccupés par Echelon et qui évoquent des scénarios à la Big Brother.
Demandez-vous un peu où vous étiez la nuit du 21 juillet 1969.
Après un demi siècle d'embrouillonautique, seule l'Association des Astronautes Autonomes, réseau transnational anti-hiérarchique, a relevé le défi lancé par les agences aérospatiales d'État, rehaussant encore l'enjeu. En exigeant comme programme minimum l'exploration autonome de l'espace pour tous et sans médiations, l'astronautique autonome offre sa contribution au dévoilement des mensonges idéologiques du Capital interplanétaire. Cette Nachgeschichte préventive poursuit inexorablement un objectif précis: démolir l'idée d'«espace» inventé en 1957 et en dévoiler la nature de classe.
Si les stratégies symboliques du réseau militaro-industriel produisent des explosions de désir hétérodirigé, l'AAA croit fermement en la possibilité pratique de pervertir ce désir, en appliquant des stratégies non rationnelles de conflictualité symbolique, catastrophiste et adialectique.
Plus la forme de la domination se perfectionne, et plus elle est vide, inorganique, spectacle efficace de contrôle et de destruction. Le sabotage doit s'effectuer à ce niveau, en faisant exploser l'irrationalité du Capital.
Il y a vingt-trois ans, Jean Baudrillard appelait à «élaborer une science fiction du renversement du système contre lui-même, pousser les choses jusqu'à leurs limites, où naturellement elles se renverseraient et se démantèleraient entièrement».
L'Association des Astronautes Autonomes est la tentative conscience de réaliser et en même temps de supprimer cette science-fiction.
Tout peut arriver en dehors de la Terre parce que rien n'établit ce qui ne doit pas arriver.
Finalement nous sommes bien contents que le Shuttle ait explosé.
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