éditions de l'éclat, philosophie

ANTHOLOGIE DE L'ASSOCIATION
DES ASTRONAUTES AUTONOMES
QUITTER LA GRAVITÉ


 





SEXE DANS L'ESPACE

Luther Blisset (XXX Prize Foundation)




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GRAVITÉ ZÉRO

 

De tout ce que les gens font, chez eux et dans l'intimité, généralement avec des amis proches, seul le sexe est sujet à de si extraordinaires interférences et à un tel contrôle de la part de forces extérieures. Ce n'est pas un hasard – tout un chacun connaît ce pouvoir. Même si ce n'est que pour de brefs instants, les individus peuvent dégager un pouvoir et une énergie intérieurs qui rend tout système ou régime social dépourvu de sens. C'est une libération. Même un individu solitaire en détention peut y céder et voyager en fantasmes à travers n'importe quelle situation ou possibilité sans entraves et, au moment de l'orgasme lui-même, être à la fois béatement vulnérable et indiscutablement libre, ailleurs, rempli d'énergie.

La répression des instincts sexuels a pour fonction de rendre les gens soumis et enclins à des comportements irrationnels, et paralyse ainsi leur potentiel pour la rébellion et le départ de cette planète.

La sexualité est aussi fondamentale qu'elle est universelle. Nous avons donc trouvé plutôt triste que les recherches sur le sexe dans l'Espace aient jusqu'à présent donné si peu de résultats. La pauvreté de pensée de la NASA est à nouveau démontrée lorsqu'ils repoussent la question du sexe tout au bas de leur agenda, ou vont même jusqu'à la nier. Ceci est peu surprenant lorsqu'on considère que cette organisation est constituée d'ingénieurs et de quasi-soldats. C'est une patriarchie, comme toutes les autres agences gouvernementales. Quatre-vingt dix pour cent des astronautes de la NASA furent des hommes, bien que les femmes soient plus performantes (en général, elles se nourrissent moins, prennent moins de place, ont besoin de moins d'oxygène, et en gravité zéro le besoin de force physique est minimal). La première femme astronaute ne fut même pas questionnée sur son cycle menstruel par les chercheurs – ils se contentèrent de faire embarquer une réserve de deux ans de tampons hygiéniques et déguerpirent !!!

Toute la littérature que nous avons pu consulter sur ce sujet répète les mêmes phrases insignifiantes d'efficacité et de répression : «Les astronautes ont une charge de travail suffisamment importante pour que de tels problèmes ne soient pas une priorité. Cependant, tout vol futur vers Mars, par exemple, prendrait beaucoup de temps, et le bien-être physique et psychologique de l'équipage pourrait amener à devoir planifier sur ce sujet. Les rapports sexuels en vol pourraient aider les astronautes à se soulager de l'énorme quantité de stress qu'ils subissent au cours des missions.» Tel est le langage de vies mortes et asexuées, d'un travail faisant de Dr. Popol un gentil petit garçon.

Nous n'avons pas pu trouver de références officielles à la masturbation dans l'outre-espace et avons donc supposé que :

a) C'est arrivé, mais a été dissimulé;

b) Seuls les astronautes sexuellement réprimés sont sélectionnés;

c) Une sorte d'équivalent militaire au bromure dans le thé est utilisé.

Quoi qu'il en soit, le sexe est un élément si naturel et vital de la vie qu'il se manifestera de toute manière…

Alors que la NASA prétend officiellement que le premier couple marié parti ensemble en mission était sur le vol de la navette spatiale Endeavour en septembre 1992, leurs homologues de l'ex-Union Soviétique ne sont pas si pudiques. Nous avons découvert que Svetlana Savicka, une cosmonaute Russe, a librement baisé dans Jaljut 7, dès juin 1982. Tandis que nous l'applaudissons, nous sommes attristés par la réponse de ses patrons qui prétendent que cela ne fut réalisé que dans la seule idée de concevoir le premier enfant en outre-espace, comme si le sexe n'était fait que pour la procréation.

Nous avons attiré l'attention sur l'esprit drastiquement «réactionnaire» de la NASA concernant les questions du sexe, pour démontrer la nécessité de détruire le monopole de l'Etat, des corporations et de l'armée sur le voyage spatial, afin de nous assurer que l'exploration de la sexualité dans l'espace puisse se réaliser. La NASA est incapable de voir au-delà des limites de sa propre idéologie, et selon les documents obtenus par l'AAA, elle ne peut rien imaginer d'autre que la perpétuation des «relations conjugales normales» dans l'outre-espace.

Contrastant avec les agences spatiales gouvernementales, l'AAA promeut une approche métasexuelle de la sexualité en gravité zéro. L'AAA développe l'hypothèse que le sexe dans l'espace sera encore mieux que sur Terre (et nous concevons d'ores et déjà plusieurs expériences que nous souhaitons conduire pour tester cette supposition). La qualité accrue de la sexualité en gravité zéro se fonde sur les changements psycho-sociologiques et physiologiques attendus de la formation de nos communautés autonomes dans l'Espace. Les possibilités du sexe comme pur plaisir, comme expression de l'affection ou comme échange d'énergie, du sexe comme communication, exploration et méditation, s'accroîtront en gravité zéro. Nous souhaiterions appeler ces possibilités «espace de jeu érotique» – essayez de l'imaginer ! Cet espace de jeu érotique a peu à voir avec les questions de genre, mais se concentre bien plus sur l'ambiance des actes sexuels.

Elaine Lerner, une Américaine inventeur, a déjà breveté un harnais pour permettre à l'un des partenaires d'exercer un contrôle sur les mouvements des hanches de l'autre partenaire au cours d'une baise en zéro-G. Et de nombreux adeptes enthousiastes du bondage font déjà des expériences avec des systèmes de poulies et de cordes défiant les lois de la gravité, pour augmenter la puissance de leurs orgasmes. Nous prédisons que tout un panel de nouvelles formes d'expression sexuelle s'ouvrira lorsque nous formerons des communautés autonomes dans l'outre-espace. Et non seulement de nouvelles positions permises par la gravité zéro, mais de nouvelles manières d'établir un rapport les uns aux autres. La gravité variable rendra les extrêmes possibles pour les passionnés du SM, et nous nous attendons à ce qu'émergent nombre de nouveaux fétichistes et pervers, une fois libérés des restrictions et de la culpabilité de la planète Terre. Comme nous nous adapterons à la vie sans la planète, nos corps et nos organes pourront évoluer vers quelque chose de totalement différent, que ce soit à travers de nouvelles formes de modifications corporelles, ou seulement du fait de vivre dans de nouveaux environnements. Les possibilités sont illimitées.

L'AAA ne souhaite certainement pas prolonger des «relations conjugales normales» dans l'espace. Nous voulons les nouvelles conditions du sexe en gravité zéro et laisserons derrière nous les complexes répressifs des scientifiques et des astronautes des agences spatiales gouvernementales. Pourquoi ne pas nous rejoindre tandis que nous baisons (sur) notre chemin vers les étoiles.



 

COMMUNIQUE DE PRESSE

XXX Prize Foundation
Le sexe dans l'espace est nécessaire, l'évolution l'implique.

 

UN MILLION DE LIVRES STERLING A GAGNER POUR LE PREMIER GROUPE D'INTERET PRIVE A REALISER UNE RELATION SEXUELLE DANS L'ESPACE

La XXX Prize Foundation, dont le siège est à Londres, a annoncé qu'elle avait l'intention de verser un million de livres sterling au premier groupe d'intérêt privé à lancer un vaisseau en espace sub-orbital – environ 100 kilomètres – et à s'engager dans une relation sexuelle une fois là-haut. Cet acte sexuel peut prendre n'importe quelle forme et impliquer n'importe quel nombre d'individus, mais un document visuel devra être fourni pour prouver que la relation sexuelle a bien eu lieu dans un environnement d'apesanteur.
La XXX Prize Foundation soutient que le but de cette compétition est de montrer que notre destin d'êtres humains est dans l'outre-espace.
La XXX Prize Foundation s'intéresse aux nouvelles possibilités qui s'ouvriront quand nous formerons des communautés autonomes dans l'outre-espace.
La XXX Prize Foundation espère que ce concours démontrera que la finalité du voyage spatial n'est pas la simple reproduction de la vie telle qu'elle existe sur Terre.
La XXX Prize Foundation souhaite que ceux qui entrent dans la compétition saisissent l'occasion pour proposer au monde des positions sexuelles jamais imaginées auparavant, et permises par la liberté d'un environnement d'apesanteur.
Luther Blissett, Président de la XXX Prize Foundation, déclare que bien que tout l'argent du Prix n'ait pas été réuni, il a confiance en ce que cette compétition offre une opportunité unique à la fois pour les individus et les entreprises d'investir dans l'évolution future de l'humanité. Toute personne intéressée à contribuer à la somme d'argent du Prix doit contacter immédiatement la XXX Prize Foundation.
La XXX Prize Foundation souhaite que nous jouissions un jour d'une vie entière de plaisir et d'ébats en gravité zéro.
Le règlement du concours et les formulaires de participation sont disponibles à :

XXX Prize Foundation
BM Jed
London WC1N3XX

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