1. Capitalisme et socialisme représentent deux organisations de l'économie dérivées du même système de base, celui de la quantification de la valeur ajoutée (qui se réfère à la valeur comptable du travail investi dans la production de tout bien matériel). Considéré sous cet angle, le système appelé «socialisme» n'est que le sous-système correcteur appliqué au «capitalisme». On peut ainsi dire que le capitalisme le plus outré est socialiste sous certains de ses aspects, et que tout socialisme est une «mutation» du capitalisme destinée à tenter de stabiliser le système à travers une redistribution redistribution estimée nécessaire pour assurer la survie de tous et les inciter à une consommation plus large.
Nous appellerons dans cette ébauche «capitalisme social» une organisation de l'économie, conçue dans le but d'établir un équilibre acceptable entre capitalisme et socialisme.
2. Le capitalisme social s'appuie, suivant notre point de vue, sur un petit nombre d'hypothèses fondamentales qui sont les suivantes:
a. Tout citoyen d'un État a le droit inaliénable à un revenu garanti, revenu qui correspond à un pourcentage déterminé du PNB/habitant. Dans la contexte présent en France, ce pourcentage peut être estimé à 20 %. Ce revenu mensuel doit être mis à la disposition de chaque citoyen sans exception.
b. Pour pouvoir financer cette dépense, l'État a le droit de retenir une certaine taxe sur chaque opération financière, chaque paiement ou chaque dépôt. Cette taxe qui peut être estimée dans le contexte actuel à 1,5 % de la circulation monétaire globale (elle correspond donc à 20-22 % du PNB), représente l'unique impôt à payer par chaque citoyen, impôt retenu à la source.
c. Toute prestation de service public, à l'exception de celle de la sécurité des personnes et de celle de la justice, est fournie par des établissements privés contre paiement : éducation, santé, assurance vieillesse etc. appartiennent à cette catégorie de services.
3. Le capitalisme social introduit ainsi une «subvention indirecte» pour financer les services publics, et laisse décider chaque citoyen du choix des services et des biens qu'il préfère «acheter». Le revenu garanti est donc l'instrument de cette subvention indirecte.
Le revenu garanti est versé directement au compte de chaque citoyen, établi à sa naissance : la carte d'identité relevant en même temps de ce compte.
L'avantage du système de la subvention indirecte est double: il attribue à chaque citoyen la liberté de choisir comme il entend dépenser son revenu garanti, tout en introduisant la concurrence entre les établissements fournisseurs de services.
L'avantage du système du revenu garanti est d'abord la matérialisation de l'égalité des citoyens. Le système implique la suppression de toute allocation particulière (familiale, de chômage, etc). Ce revenu sera calculé de la façon à permettre à chaque personne une existence de base: pour les ménages, le cumul des revenus de tous les membres d'une même famille peut permettre une existence acceptable.
Le revenu garanti est cumulable avec les autres revenus et rémunérations perçus pour les activités de chacun, et le droit à ce revenu garanti ne peut être annulé en aucun cas.
L'établissement de ce système de revenu garanti permettra l'existence des «inactifs» ou des personnes exerçant des activités productives non marchandes (ménagères etc.) sans pour autant réduire l'incitation à exercer d'autres activités productives rémunérées.
4. La taxe unique de 1,5 % sur la circulation monétaire globale sera payée par prélèvement direct sur chaque somme créditée sur un compte bancaire automatiquement. Cette taxe est fondée sur le même principe que le lucrum camerae du haut Moyen âge.
Pour éviter toute fraude fiscale, les billets de banque seront retirés de la circulation, ainsi que les pièces de monnaie d'une valeur supérieur à 50 francs. Cette disposition 'alourdit' (littéralement) tout paiement en espèces dépassant 5000 francs (d'un poids de plus d'un kilogramme en pièces).
L'avantage de cette taxe unique sur la circulation monétaire est multiple. D'abord elle encourage l'investissement et la consommation de biens relativement durables: l'investissement, car les sommes investies ne figurent pas sur les comptes bancaires des investisseurs, et la consommation des biens relativement durables car achetés plus chers mais moins souvent que les autres biens. En d'autres termes, le système produit les avantages d'une inflation, sans en être une et sans les dégâts qui en résultent.