l'éclat |
José Bergamin
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Ramón Gaya, Retrato de D. José Bergamin (1961)
Colección Arte Contemporáneo, Madrid |
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Espagnol s'il en fut, figure de proue de sa génération, bien que délibérément classique et paradoxal, José Bergamín (1895-1983) n’a cessé de brouiller les pistes. Connu en France pour ses essais sur la Tauromachie (L'art de birlibirloque, La solitude sonore du Torero) la majeure partie de son œuvre est consacrée à la culture espagnole et religieuse. |
José Bergamin Théâtre: «sphère de la pensée» et si, depuis les Grecs, s'est jouée au théâtre la vie vraie, frémissante, offerte au public en sacrifice d'une illusion de vie, au XVIIe siècle, le théâtre marquera l'Espagne catholique du sceau de la vie même. Théâtre du cœur palpitant d'un peuple "colérique", arène où se jouent vie et mort tout à la fois, résurrection du sang versé, croix portée ou banderille fichée sur l'échine de l'animal voué au rite:là, "en son labyrinthe théâtral", l’Espagne naît d'un regard suberptice porté sur le monde regard du moqueur, de l'impénitent, regard du crucifié ou du bourreau, regard de l'œil pers d'un peuple entier qui, regardant, se voit être voit qu'il est. De Lope de Vega à Calderón, toutes les grandes figures du théâtre espagnol sont approchées par Bergamín dans cet essai fulgurant. Toute la poésie, toute la pensée de l'irréductible Bergamín s'agenouille devant cette "perfection politique" qu'est le théâtre lopiste au XVIIe siècle, et pénétrant en ce labyrinthe où "celui qui ne cherche pas l'issue ne peut se perdre", il contemple, et nous fait contempler, l’"ordre" ciselé de l'âme espagnole. «L’écriture baroque de Bergamín se déploie dans une tentative inouïe de faire entendre le «pas impétueux et cadencé de cette énorme foule de chi mères», de ces milliers et milliers de comédies, de Lope et de son école, qui ont fait que l’Espagne soit ce qu’elle est, «entière et vraie». » J.-B. Marongiu (Libération). |
Traduit de l’espagnol 224p. |
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José Bergamín
L’importance du démon
et autres choses sans importance Sans doute fallait-il la présence d’esprit de José Bergamín pour tisser autour de «L’importance du Démon» ces autres essais sur le roman, l’art, la disparate, le théâtre et la tauromachie ; autant de choses sans importance puisqu’elles ne sont au fond que le Démon même sous de multiples déguisements. |
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José Bergamín
Le puits de l’angoisse
Moquerie et passion de l’homme invisible Ce que José Bergamín aura compris de nous, prémonitoirement : notre future impossibilité à le comprendre. Ainsi se range-t-il parmi ceux qui nous disent : « Je n’irai pas plus loin. Je reste en deçà de ce nouveau siècle. Je me retire dans la brume de ce que fut notre temps celui que nous eûmes en commun et dont nous fîmes, chacun, si diversement usage. » Et ce qu’il aura compris alors du drame de la République espagnole : le présage de « sombres temps » pour l’Europe tout entière. Mais, du plus profond de ce puits de l’angoisse, où s’agglutinent les philosophies du néant, surgissent les grandes figures de l’Espagne, du Don Juan de Tirso au Quichotte, moqueurs et colériques héros de la geste populaire, portés par leur implacable « volonté de ne pas mourir »; et leurs paroles se mêlent ici aux pensées d’un Pascal, d’un Kierkegaard, d’un Nietzsche, comme aux vers du frère Luis de León ou de Jean de la Croix. Jamais Bergamín ne s’est risqué en des territoires aussi nettement «inactuels» que dans cet ouvrage paru en 1941. Jamais il n’a été aussi désespéré aussi libéré de cet espoir donné aux hommes avec tous les maux , et porté par ce désespoir moqueur qui lui fera écrire quelques années plus tard: « Car même en tant que squelette espagnol vivant? et pour mort que l’on veuille me tenir en Espagne où je suis né, je me crois fondé à continuer de vouloir me considérer comme ressuscité, ou comme ressuscitable. » Mort pour de vrai en 1983, le plus pur écrivain espagnol de ce siècle laisse à ses ultimes contemporains une œuvre multiple dont L’Espagne en son labyrinthe théâtral, et L’Importance du démon et autres choses sans importance ont déjà parus dans cette collection. |
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José Bergamín «En Espagne, les anarchistes brûlèrent les églises; les catholiques ont brûlé l’Église.» Ces paroles d’un prêtre, rapportées par José Bergamín, résument tout le drame qui est au cœur de Terrorisme et persécution religieuse en Espagne, tout le drame espagnol tel qu’il a pu être vécu par cette Espagne du Christ et de la République, trahie par une Église soutenant le fascisme sous toutes ses formes. Écrits de combat d’une rare violence, les textes publiés ici sont un témoignage sans équivalent de ce qu’a pu être la guerre civile espagnole de 1936 à 1939, entre catholicisme, communisme et anarchisme. Pièces à conviction qui n’abandonnent jamais la littérature, pamphlets toujours épris de vertige mystique, philippiques portées par l’action, les écrits de Bergamín rendent compte au jour le jour des drames d’une guerre intérieure et extérieure et nous en livrent le sens théologique: quel Christ pourra empêcher le déferlement de la barbarie en Europe si, sur une terre soumise aux forces de la mort, sa Croix est livrée au diable par son Église elle-même? |
Bergamin en 1936 (au premier plan) Parution 15 novembre 2007 Collection Philosophie imaginaire
Traduit de l’espagnol et présenté par Yves Roullière ISBN 978-2-84162-152-1 320 p. 28 € |
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Une lecture du puits de l’angoisse sur le site Stalker (Juan Asensio) Une bibliographie (en espagnol) "El teatro en el exilio de José Bergamín", thèse (en espagnol) Une lettre de José Bergamin à Maria Zambrano (en français) Maria Zambrano: Bergamín crucifé Dialogue entre José Bergamin et Juan David Garcia Bacca (en français) |
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aux éditions Le temps qu'il fait aux éditions La Délirante aux éditions du Seuil aux éditions du Rocher aux éditions Deyrolle |
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