l'éclat |
lyber 2-84162-003-4 176 p. 14 euros. collection
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Déclinaisons de l'Europe traduit de l'italien et présenté par Michel Valensi I Géophilosophie de l'Europe II Guerre et mer III Les Héros IV L'Hôte ingrat V. La patrie absente |
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Épilogue1
Quel autre terme mieux que «Verhaltenheit» pourrait évoquer aussi précisément la «Grundstimmung» (le caractère, l'empreinte divine) des trois sages et du gentil? «Verhaltenheit» désigne l'hésitation, la pause; et plus précisément encore, une pause qui résiste aux forces qui voudraient la distraire. Résistance, donc, et résistance pensante. Mais Verhalten signifie également: conduite, comportement ethos. Aussi, pour les trois sages et le gentil, cette Verhaltenheit ne constitue pas une opposition fortuite ou simplement factuelle, mais elle correspond à leur fond même. Ils sont marqués pour toujours par l'in-sistant processus de la recherche, de l'interrogation. Ils vont, interrogeant toujours. L'interrogation qui jamais n'a de cesse est leur propre demeure (ethos). Heidegger range sous le signe de la «Verhaltenheit des Suchens» «die Zukünftigen»: «les Futurs»2 (Beiträge zur Philosophie, pp. 395-398), «les quelques-uns, les rares» (p. 11), pour qui «la recherche est une fin en soi» (p. 18), pour qui, de tous temps, se pose la Entscheidung: c'est-à-dire, se décide de l'essence de la Vérité. Leur être-là cor-respond entièrement à cette interrogation: ils sont entièrement responsables d'une telle décision, en opposition radicale à la horde innombrable et immuable des «Späteren», de ceux qui s'attardent, cramponnés aux anciens cultes, à leurs idoles et à leurs représentations (p. 96). Tandis que l'hésitation pensante dans la dimension de la recherche est tout entière tournée vers la décision à venir et donc sont ad-venientes (Zukünftigen) ceux qui y ont établi leur demeure , la réclusion obstinée dans les idées du dieu mort' témoigne de l'impossibilité de la pensée. Naturellement, cette décision ne doit pas être comprise dans un sens psychologico-existentiel (équivoque bien compréhensible dans Être et Temps); elle appartient à l'Être (p. 102). Si l'Être n'est' pas, mais toujours ad-vient, s'appropriant' l'homme dans son advenir (c'est le sens de l'Ereignis), la décision propre à l'être-là, de correspondre à un tel appel dans l'interrogation et la recherche, appartient à la vérité de l'Être. Mais n'en est-il pas ainsi, finalement, de l'ethos de nos sages? Résister en une recherche qui ne se présente aucunement comme ne-possédant-pas-encore (sa validité ne serait, alors, mesurable qu'à l'aune du succès obtenu), en une recherche qui ne parvient qu'à reconduire le recherchant lui-même en soi, en son propre être-là (p. 398) voilà qui appartient à la vérité du Dieu qu'ils adorent et auquel ils aspirent. Celui-ci ad-vient en eux au moment même où ils témoignent de son irreprésentabilité. C'est pourquoi leur inquiétude est pure (p. 400). Elle n'a rien à voir avec l'infirmitas de la volonté de puissance, hésitant toujours entre de nouveaux «contenus» et de nouvelles «expériences vécues» (pp. 18-19), toujours à la recherche des dieux dans les limites de l'étant et qui, là-même, les fixe et se raccroche religieusement' à ces représentations. Leur inquiétude est l'attente ouverte d'une rencontre et d'un signe (p. 400) qui peut venir, libre' de les rejoindre. Il n'est de fondement sur lequel ils peuvent s'établir, parce que leur Dieu n'est' pas, mais toujours ad-vient. Semper Adveniens. Les advenientes (Zukünftigen) en sont l'image nécessaire. Leur dialogue s'achève aux portes de la ville. Il se poursuivra dans le plus silencieux des silences. La ville est l'Öffentlichkeit, le lieu public où «die wenige Zukünftigen», les «rares Futurs» sont in-apparents. Mais les sages ne refusent pas la ville, le règne de la «Machenschaft», de la «machination», c'est-à-dire de la téchne comme seule forme du faire, et du Fait comme seule forme de l'être (pp. 126-132). Elle est même leur destination'. Où donc, alors, leur recherche apparaîtrait-elle comme résistante, pensante hésitation? Et le Dieu toujours ad-venant serait-il tel s'il advenait au passé de la ville? Ils seront étrangers, certes, mais étrangers dans la ville. Il ne peut y avoir de futur (Zukunft) que pour leur ville complexe et perplexe ; tout autre futur est passé. Mais en vérité tout futur qui ne soit pas le leur, futur des témoins silencieux de l'Adveniens, est consumé, passé. Heidegger l'appelle «der letzte Gott» (pp. 405, sq.). Non pas un autre dieu; non pas une nouvelle représentation venant s'ajouter aux innombrables autres représentations. Non pas une autre idée de la perfecta religio, capable de répondre à l'inquiétude, de la guérir', en se rendant maître de l'insistance du penser'. «Der letzte Gott» signifie que Dieu est l'Ultime; qu'il nous est proche dans le plus extrême éloignement. «Die Zukunftigen» ne sont pas ceux qui se projettent dans le futur' de la réalisation de quelque projet déterminé, mais ceux qui correspondent à l'Ultime, et donc à l'éschaton. Dieu n'est pas celui-ci ou celui-là il est simplement' le Futur éternel; l'éschaton, ni présentable, ni représentable. N'est-ce pas également la décision ultime de nos sages: libérer' la lumière (gloire, dóxa) purement eschatologique du divin? S'ils sauront s'adresser au toujours-Ultime, à l'Ultime ultérieur' par rapport à tout futur, s'ils sauront en avoir soin dans l'inquiétude de leur recherche, nos trois sages pourront être cum. Proches les uns des autres, parce qu'ensemble' dans Ce-qui-ne-peut-être-atteint. Sous quelqu'autre forme que ce soit, leur dialogue sera conflit et/ou harmonie. Ce n'est qu'en s'adressant l'un à l'autre qu'ils s'adresseront, ensemble, à l'Ultime; ce n'est qu'en se re-gardant eschatologiquement, qu'ils pourront comprendre leur nécessité réciproque. Et leur discussion également pourra insister, résistant à l'inquiétude maligne' de celui qui voudrait imposer comme seuil ultime' ces représentations et ces idées: étatolâtres, esclaves de la lettre, «die Späteren». Mais ici surgit le problème. «Die Zukünftigen» ne peuvent être des fantômes évoqués par le vide et leur résistance ne peut avoir de valeur que contre la multitude', aux yeux de laquelle ils apparaissent comme étrangers. Les ad-venants ne sont pas abstraitement les séparés' de ce qu'ils traversent, ni de la ville. S'ils l'étaient, ils ne seraient simplement que l'expression de quelque hybris ou volonté de puissance. Ils seraient encore les innovateurs', les supplanteurs'. «Sprache und Ereignis» (p. 510): langage et avènement se co-appartiennent. Mais il ne peut s'agir d'un langage inventé'. C'est le langage humanus du Da-sein, de l'être-là de l'homme, le langage comme «parole historique, fondateur d'histoire [Geschichte]» (p. 510); seul ce langage peut ouvrir' à l'Ultime. Mais ce langage pro-vient ; les anciens dieux fluviaux du sang l'habitent entièrement. Ingens sylva forêt immense qu'il serait proprement absurde de vouloir bonifier' ; c'est le plus monstrueux des rêves du Logos, celui qui engendre les monstres les plus terrifiants. De lui, en lui, pro-vient toute ouverture. Labor improbus, démesuré que d'ouvrir en lui cette lumière. De fait, improbus amor est l'amour pour l'Adveniens, dans la «Verhaltenheit des Suchens». Les ad-venants ne peuvent que procéder à partir du langage et dans le langage dont ils pro-viennent. Tout ad-venir implique une pro-venance. Bien autre chose qu'un simple passage, un état' ancien mais un passé portant (Schelling: continuellement présent dans les Beiträge, semble pourtant avoir été oublié sur ce point essentiel). Le passé est dans le langage qui s'ouvre à l'éschaton. Aussi ouvert' qu'il est fondé'. Mais s'établir' sur le passé portant, c'est s'établir sur l'Immémorable, car l'Immémorable (á-delon) est le fond de tout passé. Et donc, de même que les ad-venants existent pour l'Ultime irreprésentable, cet Ultime est pour eux le Commencement même. En tant qu'ils sont Zu-künftigen (toujours-futurs), ils sont toujours pro-venants. Le langage (qui se fonde' sur le silence du Commencement et sur celui de l'Ultime) est l'histoire-destin du Zwischen, de l'entre-milieu, entre cet être-là-même (Da-) et l'Être (Sein) qui n'est pas, qui est non-être, néant. Etant pro-venants, les ad-venants n'oublient pas cette histoire. Elle est aussi l'histoire de tous leurs cultes et de toutes leurs idées, de leurs représentations et de leur méprise. C'est cette histoire qui les destine à l'Ultime. C'est en cela que réside la profonde vérité de la conversation des sages: ils traversent ou veulent traverser l'espace tout entier de leurs théo-logies. C'est à partir de ce seul espace, et d'aucune autre dimension, que peut se libérer, pour nous, la pensée de l'Ultime, la pure inquiétude du questionner. Pour que quelque chose mûrisse, et donc puisse porter ses fruits (p. 410) il lui faut un gardien. Le nouveau Commencement n'est pas tabula rasa il mûrit' en se gardant-se cachant dans le langage dont il a hérité. Si nous ne nous attardons pas en lui (comme «die Späteren»), ce n'est pas en raison de quelque fièvre novatrice, mais parce que c'est dans l'essence même du langage que de se re-tourner toujours vers l'Ultime qui est Commencement. Mais c'est ce langage, dans son histoire et dans la propre crue de ses représentations, qui accomplit ce re-tournement s'il lui est donné de le faire. D'où l'importance de la conjecture de Nicolas de Cues, qui sauve' l'historicité du langage et, en même temps, son destin à l'Ultime. Les sages de Lulle et du Cardinal de Cues... «die Zukünftigen»: un abîme sépare. Les ad-venants de Heidegger sont le tout-autre par rapport à tout état', et surtout par rapport à l'état' chrétien (p. 403). Le sont-ils véritablement ou plutôt croient-ils l'être? Il n'est pas possible ici de répondre à une question aussi décisive1. Ce qui est certain c'est que tout le langage de Heidegger, comme ces remarques ont voulu le montrer, croît avec et dans le langage de la philosophie et de la théologie de cette Epoque: de l'Europe, de la chrétienté. Ainsi il est vrai que tous, sages et ad-venants, appartiennent à l'espace, à ce topos átopos qu'est l'Europe. Interrogantes est leur nom depuis toujours. Il ne peut y avoir de demeure terrestre pour celui qui in-siste dans la seule recherche. L'interrogeant n'est pas, alors, simplement étranger, dans la mesure où son langage est perplexe' par rapport à celui de la ville. Mais il n'appartient pas au langage de la simple Offentlichkeit, dans la mesure où il en reconnaît et garde l'Ahnen: l'aspiration, la nostalgie à dire' l'Ultime à se transfigurer en pressentiment silencieux du Futur éternel. Ainsi les sages ek-sistent par et pro-viennent du langage de leur tradition et ils en éprouvent timor et pietas mais ils ne lui appartiennent pas (à nul être, appartiennent les purs ad-venants!), ou lui appartiennent uniquement parce qu'en eux, précisément, ils saisissent l'insistante aspiration qui fait-signe à l'éschaton. Et ils considèrent chaque moment à la lumière d'une telle in-sistance: comme instant précisément. Loin d'en être le négateur, loin de le fuir ou de prétendre en signifier l'ailleurs, l'ad-venant accompagne l'occasus de l'Europe, de l'Europe comme Occident. Son temps est celui du déclin (Untergang), puisque Unter-gang signifie essentiellement l'avancée vers «la maturation silencieuse du Venant» (p. 397). «Ce déclin est le tout premier Commencement » (loc. cit.). Décliner c'est aller-en-interrogeant toutes les représentations de l'Occident; les conduire à leur propre fonds, les accomplir. Il n'y a pas d'autre manière d'insister dans l'interrogation sinon celle d'accompagner l'Occident et donc de décliner avec lui. Les «Zukünftigen» se nomment aussi «Unter-genhenden»: ils savent que pour que quelque chose ad-vienne il faut que son déclin soit donné. Déclin est accomplissement; et la journée d'Occident s'est accomplie. Le temps que durera son accomplissement est indifférent. L'essentiel est d'y être comme dans le lieu où résister en correspondant à l'Ultime, où patiemment atteindre «la pure intériorité de l'appel» (p. 397). L'essentiel est de ne pas s'y adapter, en entretenant les idées et les idoles, luttant pour la survie de ses cultes et de ses églises, ajoutant des représentations aux représentations. Les toujours-interrogeants sont ainsi les déclinants. Ils favorisent le déclin, parce que pour eux il n'est pas une fin, mais le passé portant du penser' qui s'ouvre au Commencement, c'est-à-dire à l'Adveniens, au Dieu comme Ultime. Seuls les déclinants ont un futur' et c'est la véritable décadence' dont parlait Nietzsche, la décadence' des hommes posthumes, qui se retirent de l'Öffentlichkeit, non pas pour fuir le monde ou pour l'outrepasser', mais, au contraire, pour y participer selon la mesure de l'éschaton, selon son ultime vérité. Zarathoustra lui-même affirme qu'il est un déclinant; Über-mensche, l'outre-homme est la figure la plus authentique du Déclin. Telle est la mesure cachée de tout langage, ce qui donne sa mesure à l'inquiétude du questionnement, et la sauve de l'infirmité vide et de la vaine curiosité. Ici aussi la décision n'est en rien d'ordre psychologico-existentiel. L'Europe est la terre où le déclin est nécessaire. La philosophie de cette terre favorise ainsi le déclin: elle se décide en faveur du déclin de ce qui a-déjà-été afin qu'une autre chose advienne. Telle est désormais la Décision: se décider en faveur du déclin de toutes les représentations du Dieu afin que le penser' s'ouvre à l'éternel Futur, que nous re-gardons, nous re-tournant vers le Commencement. Mais une telle Décision n'est concevable que dans la terre de l'occasus. Ici seulement le destin de l'interrogation pouvait trouver son accomplissement. Et de fait, l'Europe qui se refuse au déclin, refuse son essence même. L'Europe qui, déclinant, ne s'ouvre pas à l'Advenant et ne rappelle pas à celui-ci tout langage, et le sien en particulier, se trahit elle-même, trahit son propre étymon. L'Europe qui, survivant, résiste dans son propre accomplissement, qui ne se pense pas pour l'Ultime, n'a pas de Zu-kunft, n'a plus de futur. L'Europe n'est pas en décadence parce qu'elle décline; elle est en décadence parce qu'elle refuse le déclin, parce qu'elle y résiste au lieu d'y insister1. L'Europe, qui est inquisitio obstinée, et qui donc peut s'accomplir seulement comme interrogation-sacrifice de toutes ses valeurs, doit se vouloir déclinante. Ce n'est qu'en tant que déclinante qu'elle sera ad-venante, ouverture à l'Adveniens, où' chaque langage et chaque conjecture peuvent être Cum'. C'est la seule voix possible, parvenus à l'accomplissement de son histoire et à la fin de tous ses différents nouveaux commencements'. Mais l'être-là de l'Europe reste parfaitement libre de n'y point correspondre. L'Europe est libre de ne pas vouloir le déclin, et donc de ne pas le favoriser, de ne pas y participer, de lutter pour ses propres valeurs ou, désormais, pour la désacralisation de toutes ses valeurs comme nouvelle valeur précisément, de considérer ses propres dogmes et ses propres conjectures comme des vérités, et comme sa mission de les imposer. En s'oubliant, l'Europe oublie que sa tâche consiste à décliner. Jamais comme aujourd'hui l'Europe ne semble vouloir autant se souvenir de ses propres représentations, jamais comme aujourd'hui elle n'a autant parlé de sauvegarde et de conservation, de tutelle et de pietas et elle oublie sa propre essence. Elle engrange des souvenirs de chaque époque et de chaque lieu et oublie sa propre vérité. C'est pourquoi même ces souvenirs prennent un aspect si lugubre, si muséal, et leur omniprésence ne témoignent que de l'absence et de la perte. Il se peut que «die Zunkünftigen» existent (leur nombre importe peu) et qu'ils ressentent le besoin, l'impérieuse exigence du Gengenschalg, du contrecoup de l'Europe contre elle-même. Mais rien n'est moins nécessaire. Et rien n'est moins utile, moins productif' pour l'Occident, règne de la Machenschaft. Nous devrions même reconnaître que pour l'Occident ce contre-coup est aujourd'hui l'Ennemi absolu, et plus encore: l'impossible à comprendre. Mais ce qu'il est impossible de saisir dans le discours est «das Fragwürdigste»: l'objet' propre et le plus digne de l'interrogation, de la pensée interrogeante. C'est la question qui ne se rachète' pas dans la réponse, qui ne permet aucune Er-lösung, aucune rédemption', mais qui place l'être-là dans le lieu' du problème du Commencement, où l'ultime Dieu l'attend1, silencieuse mesure de tous ses dieux. «Notre époque est l'époque du déclin» (p. 397) mais savoir y correspondre est hautement problématique. Avoir du temps pour l'interroger, avoir du temps pour devenir des déclinants, «hic opus, hic labor est». Domine aujourd'hui, auprès de toutes les églises et dans tous les dogmes, la résistance au déclin, ou pire encore, un violent ressentiment à l'égard de ses responsables présumés, ou encore, l'acédie de la résignation (qui ne représente rien d'autre que le ressentiment parvenu à son comble). L'Europe ne veut pas son propre accomplissement, et donc ne se veut pas elle-même elle ne veut pas croire en ce à quoi fait-signe son propre être occasus. Elle le craint, elle le conçoit comme destin simple et immédiat, elle le voit comme le produit de forces étrangères, au lieu de se vouloir elle-même comme déclinante. Et pourtant c'est la seule décision, l'authentique décision que l'époque lui impose. Le déclin ne signifie pas s'arracher de soi, mais se re-tourner vers son propre fonds, et là écouter et obéir à l'Ultime, à l'aune duquel tous les distincts, en tant que parfaitement distincts, reconnaissent la nécessité de l'interrogation productrice de conjectures. Est-ce cela l'impossible de l'Europe? Ce dont jamais on a conçu la possibilité? Cet impossible est son seul futur.
NOTES 1. Les pages qui suivent sont toutes en discussion' (en Auseinandersetzung) avec le grand livre posthume de Heidegger, Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis), in Gesamtaugabe, vol. 65, Frankfurt a. M., 1989. 2. N.d.t. Nous risquons cette traduction de Zukünftigen. Le terme allemand évoque les futurs époux. C'est aux noces cosmiques que nos' Futurs se destinent, à celles avec et pour le Monde. 1. J'ai essayé de correspondre' à ce problème dans un long essai intitulé «Filosofia e teologia», in La filosofia, vol. II, a cura di P. Rossi, UTET, Turin, 1995. 1. Inutile de préciser que cette idée du déclin est in toto en opposition avec celle spenglerienne, et, plus encore, avec quelque idée de déterminisme cyclique ou de fatalité'. 1. Que ce soit l'homme qui a-ttende le Dieu, que ce soit son appel qui le pro-voque, n'est-ce pas du pur pélagisme? ou «la forme la plus fallacieuse forme de la plus profonde impiété [Gottlosigkeit]» (Beiträge, p. 417)? L'homme s'ouvre en interrogeant. Peut-il savoir que telle est la direction de l'attente de l'Adveniens? A quoi se réduirait la liberté imprévisible de l'Adveniens si le sens de son avènement coïncidait avec celui de notre attente? |